Montée de lait et engorgement : un couplet inévitable ?

Votre bébé est né. Il a commencé à téter le colostrum et puis, aux alentours du deuxième au troisième jour survient ce que l’on appelle communément la « montée de lait ». C’est alors que les mères évoquent un certain nombre d’expériences variées. Voici un aperçu de ce qu’elles décrivent la plupart du temps : « La montée de lait ? Je ne m’en suis même pas aperçue ! », « Quelle horreur j’ai passé deux jours avec des seins tendus à bloc et je souffrais le martyre ! », « J’étais fière de mes seins, bien ronds et chauds, ça me rassurait : j’avais tout le lait nécessaire pour mon bébé ! »

Après la naissance de votre bébé et l’expulsion du placenta, les taux sanguins de progestérone et d’oestrogène chutent et libèrent l’action de la prolactine. Cela induit dans les 48h environ qui suivent la naissance une augmentation très nette du volume de lait produit[1] et aussi une congestion vasculaire au niveau des seins. C’est ce que l’on appelle couramment « la montée laiteuse». Cette congestion est normale.  Vos veines sont plus visibles, le sein est chaud, plus rond et tendu, plus « lourd », mais il n’est pas douloureux. Le lait coule facilement et votre bébé tète sans difficulté (s’il n’en avait pas auparavant).

Si vos seins sont vraiment gonflés, durs et douloureux, nous sommes alors en présence d’un engorgement dû à une accumulation excessive de lait dans la glande mammaire. Alors le lait peut avoir du mal à s’écouler et l’aréole est tellement tendue que votre bébé peut avoir des difficultés à prendre le sein et aura tendance à provoquer des crevasses.

Les tétées efficaces et fréquentes avec une prise du sein optimale, proposées aux signes d’éveil, sans limitation de leur nombre ou de leur durée dès la naissance sont la meilleure prévention de l’engorgement. Si vous êtes séparée de votre bébé ou bien qu’il a du mal à téter, il vous est alors recommandé d’exprimer votre lait fréquemment.

Si l’engorgement est installé, ne restez pas ainsi en attendant que cela passe. Le seul traitement efficace est de permettre l’écoulement du lait qui s’est accumulé dans la glande mammaire. Voici deux techniques pour en venir à bout.

Si l’aréole est tendue, avant de faire téter ou d’exprimer votre lait, appliquez de la chaleur et pratiquez l’assouplissement par contre-pression. Cette technique consiste à poser la pulpe de deux doigts de chaque main autour du mamelon sur l’aréole en exerçant une pression douce vers votre thorax puis répéter l’opération en tournant circulairement avec vos doigts autour du mamelon. Cela va faire diminuer l’oedème, assouplira l’aréole très ponctuellement et parfois même déclenchera un écoulement de lait.  Ainsi, votre bébé pourra prendre le sein plus facilement.

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Ou alors, utilisez l’effet ventouse d’un verre empli d’eau chaude plaqué sur le sein.

Certaines mères ont recours à une coupelle recueil-lait. Cette utilisation devrait rester ponctuelle.

Il est bon d’avoir à l’esprit que faire téter bébé ou utiliser un tire-lait sur une aréole tendue risque de vous exposer à des blessures du mamelon et/ou de l’aréole.

Il est donc préférable de proposer des tétées fréquentes ou de tirer votre lait, en adaptant si besoin la position du bébé pour faciliter l’écoulement (louve, ballon de rugby).

Entre les tétées l’application d’une poche de gel ou de compresses froides apaisera l’oedème et la douleur. A l’inverse, certaines mamans apprécient l’application de chaleur. Vous pouvez aussi demander aux professionnels qui vous accompagnent de vous prescrire un antalgique adapté si besoin.

Entre les tétées de votre bébé : si l’engorgement revient, il est important d’extraire votre lait de façon à retrouver un sein souple. Contrairement aux idées reçues, si elle est pratiquée uniquement pour retrouver du confort et de la souplesse sans aller au-delà, cette technique d’expression ne sur-stimulera pas votre production.

 Pour finir, il est bon de savoir que l’engorgement peut aussi survenir plus tard au cours de l’allaitement. Les facteurs de risque les plus fréquents sont alors des tétées espacées soudainement ou « sautées », un sevrage en cours avec suppression de tétées, le port de vêtements ou d’un soutien-gorge trop serrés. La conduite à tenir est la même : faire couler le lait pour assouplir le sein et retrouver le confort. Veiller à maintenir la souplesse des seins est une mesure importante pour éviter la complication d’un engorgement persistant que l’on appelle la mastite.

[1] 25 à 50 ml/24h le jour de la naissance – 200ml le troisième jour, 400ml le quatrième, 600ml le cinquième jour lors d’un démarrage optimal de l’allaitement

[Bibliographie] :

[Auteure] : Dr Muriel Mermilliod, consultante en lactation IBCLC

[Biographie] : Formatrice en allaitement maternel, consultante en lactation IBCLC et chirurgien-dentiste, 
le Dr Muriel Mermilliod est l’une des meilleures spécialistes françaises des aspects pratiques et théoriques de la lactation humaine, des compétences et des besoins des nouveau-nés et de leurs mères.

 

 

 

2 réflexions sur « Montée de lait et engorgement : un couplet inévitable ? »

    1. Bonjour Flo
      Les tisanes contenant de l’anis, du fenouil, du cumin et/ou du fenugrec aident à augmenter la production lactée. Mais c’est juste un petit coup de pouce. Le meilleur moyen d’accroître votre production est d’augmenter le nombre de tétées ou de tirages pour celles qui utilisent le tire-lait.

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