Un des bébés les plus prématurés de France a été allaité 5 mois (1/2)

Cet article relate une extraordinaire histoire de courage, de patience et d'amour entre une maman et son bébé né de manière extrêmement prématurée. C’est une première pour moi, le prénom de la maman qui témoigne aujourd’hui n'a pas été modifié, d'une part parce que cette mère n’a pas souhaité être anonyme, et d'autre part parce qu'il s'agit d'une amie, que je n'avais pas envie non plus « d'anonymiser ».

Sandra, j'ai beaucoup pensé à toi, à vous, durant ces derniers mois, et je suis heureuse de raconter ici votre belle mais difficile histoire. Je te remercie pour la confiance que tu m'as accordée en me permettant de la relater.

 

Née à 23 semaines… 

Louise est née en janvier, après seulement 23 semaines de gestation. Sandra, sa maman, était en grave danger, et la naissance a dû être déclenchée car aucun délai n'était plus possible.

 Quand Sandra raconte la naissance de sa fille, elle dit que c'est Louise qui a choisi de vivre. Le bébé ne pesait que 442 grammes à la naissance. Le lendemain, elle ne pesait plus que 401 grammes. Normalement, un bébé qui naît avec un poids inférieur à 500 grammes est tout de suite orienté vers les soins palliatifs car il est considéré comme non viable. Mais Louise en avait décidé autrement…

 

 

Oui, chose tout-à-fait extraordinaire, Louise a poussé un cri, un tout petit cri de chat qui a tout changé. Ses yeux ne pouvaient pas encore s'ouvrir, elle tenait encore entièrement dans la main de ses parents, mais elle était là et le faisait savoir. Ce cri lui a donné le droit de continuer à vivre.

 

Vite, un tire-lait !

Encore dans les vapes, en salle de naissance, Sandra demande immédiatement un tire-lait. L'allaitement s'impose à elle comme une évidence,  « pour prolonger la grossesse pas terminée » et, bien sûr, donner toutes ses chances à son bébé. Après s'être battue, Sandra obtient un appareil le lendemain de la naissance. Elle tire le colostrum puis le lait, mais doit d’abord les jeter à cause des traces de médicaments passés dans le lait(°). Elle ne commencera à conserver ses stocks que quinze jours plus tard. 

Au début, Louise est nourrie directement par un fin cathéter débouchant dans le nombril, qui lui apporte une préparation spéciale pour grand prématuré, puis le lait de sa maman enrichi en nutriments et calories. En effet, les bébés nés prématurément ont des besoins tout à fait spécifiques. Louise est alors dans un service de réanimation néonatale, elle y restera trois mois et demi, intubée et perfusée de tous côtés (masque à oxygène, lunettes à oxygène, sonde naso-gastrique, cathéter, capteur de saturation en oxygène …).

 

Enfin, une tétée… 

L'équipe médicale soutient Sandra dans son projet d'allaitement avec passion et professionnalisme.

 Et le miracle finit par arriver ! La première tétée au sein est une immense fête ! Ce jour là, Louise a trois mois, elle pèse 2kg115. Elle ne devrait pas encore être née, nous sommes quinze jours avant le terme prévu. Louise tête efficacement pendant quelques minutes. Quelle récompense pour Sandra !

 

Mais tout n'est pas rose 

Malheureusement, les quantités de lait produites par Sandra ne sont pas au beau fixe. Louise, comme tout bébé prématuré, a un système immunitaire très fragile et est donc sujette aux infections bactériennes, elle en subira cinq en cinq mois. Et, à chaque infection, la production de lait chute de façon catastrophique, ce qui est tout à fait compréhensible : comment être confiante quand chaque heure qui passe peut nous enlever notre bébé ? Bien sûr la production remonte, une fois Louise rétablie, mais difficilement, et jamais tout à fait au niveau d'avant.  A cela s'ajoutent la fatigue, les contraintes de la vie à l'hôpital (rendez-vous compte, Sandra a vécu cinq mois à l'hôpital!) et notamment les alarmes qui sonnent sans cesse, par exemple dès que Louise bloque sa respiration (lorsqu'elle a peur d'un bruit ou fait une selle…)

 

Le lait humain est encore plus indispensable pour le bébé prématuré

Cependant, la motivation de Sandra est sans limites, le soutien du Papa est immense, ils vont dépasser ces difficultés avec courage. Et à partir de la fin du troisième mois jusqu'à presque six mois, Louise est allaitée exclusivement. 

Personne ne saura jamais l’impact et l’influence de ce bel allaitement, mixte au début suivi de trois mois d'allaitement exclusif, sur la santé de Louise, ses chances de survie, et surtout ses chances de survie en bonne santé. Mais il est important de noter  que plusieurs études relatives à la prématurité montrent l'effet bénéfique du lait maternel ou plutôt l'effet négatif de son absence.

 

 Je vous raconte la suite dans un prochain billet.

 

(°) Tous les médicament ne passent pas dans le lait, certains n'ont pas ou peu de contre-indication, mais en l'occurrence il s'agissait de médicaments toxiques pour l'enfant, à des doses importantes.

 

 

7 réflexions sur « Un des bébés les plus prématurés de France a été allaité 5 mois (1/2) »

  1. Louise la battante ! 

    Ta maman et ton papa peuvent être fiers d'avoir un bébé comme toi.  Tu es épatante ! Ce récit ma mis la larme à l'œil. Je te souhaite beaucoup de bonheur et que la vie soit douce avec toi et te réserve pleins de bonnes surprises !!! 

    Maman de Victor (3 mois)

  2. Cest un tres beau temoignage! Dans notre société d’aujourdhui on a etait tellement conditioner a penser que le bébé n’est une bébé qu’a la naissance qu’on oublie que se sont des personnes a part entière qui peut nous surpprendre même quand la pluspart des gens les donnerait pour mort. Votre amie a eu beaucoup de courage.

  3. Bonjour,

    Votre histoire me touche particulièrement. Ma fille est née en février dernier à 31 SA. Elle est restée hospitalisée 16 semaines! 16 semaines de tire-lait, 16 semaines de va-et-vient à l’hôpital pour une mise au sein! Mais au final je suis contente car j’ai tenu bon, mon bébé tête toujours avec plaisir à l’heure actuelle.

    Merci pour ce témoignage.

  4. Merci pour ce beau témoignage. Mon fils est né à 27 semaines avec 780 grammes. Ce sont de vrais battants ces grands prématurés. Le mien m'a donné une belle leçon de courage et de vie. J'ai aussi connu le tire-lait pendant plusieurs mois et ce n'est pas facile tous les jours.

    Mon fils a aujourd'hui 4 ans et tout va bien, c'est difficile les premiers mois mais ils se rattrappent très vite et deviennent de moins en moins malades.

     

  5. Merci de raconter par quoi passent ses mamans et malheureusement encore beaucoup trop de mamanges… ; ( ENFIN quelqu’un pense a parler de l’allaitement chez le prema… malheureusement je pense que bcp de professionnels ne savent pas quoi repondre face a ttes les difficultés rencontrées pdt l’allaitement et en effet le regret de ne pas avoir mené a terme notre grossesse ou la culpabilité de se dire que nous n’avons pas su garder bebe au chaud plus longtemps nous pousse a allaiter pour garder ce contact si naturel et se dire qu’à ce moment la nous formons a nouveau qu’un…pour une fois ce n’est pas cette couveuse qui nous separe!
    Louise montre a quel point ; si petits nos premas se battent avec une force incroyable, et nous donne une belle lecon 😉
    Maman d’un préma… 😉

  6. Je me suis longtemps occupée de Louise en réa…
    Émouvantes “re trouvailles” en médecine quelques semaines
    après sa naissance. ..
    Je souhaite à cette adorable famille et à la courageuse Louise
    beaucoup de bonheur.

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