Les secrets du tire-lait révélés #2

Dans notre dernier article, nous avons passé en revue les informations à avoir à l’esprit quand on veut choisir le tire-lait adapté à nos besoins. Au-delà du matériel, ce sont des astuces physiologiques qui vont aider les mamans à avoir plus de lait. Voici les conseils de Françoise Coudray, consultante en lactation IBCLC.

Abaisser le niveau de stress

C’est intéressant car le stress et/ou la douleur diminuent le réflexe d’éjection et donc le volume de lait disponible. Dans stress, comprenez : « stress » au sens commun, mais aussi tension, fatigue physique ou nerveuse, énervement, anxiété, gêne (présence d’autres personnes), perte de confiance, sentiment de dévalorisation etc.

Il faut donc déstresser :

Pour la maman non diabétique, un petit gâteau et du chocolat… Sinon une tisane ou toute boisson chaude – en évitant la caféine;

Écouter une musique relaxante, que l’on apprécie et qui nous délasse – mais même si cela vous plaît, écouter le «métal» et le «hard-rock» !

S’appuyer sur une photo, une vidéo de votre enfant ou son pyjama.

Pour les adeptes de la relaxation , quelques minutes d’exercices.

De manière plus globale et plus durable, l’acupuncture peut aider les mères qui sont dans une situation stressante et difficile. Je conseille souvent cette thérapie aux mamans dont je sens bien qu’elles sont dans un état de stress tel que quelques minutes de relaxation ne seront pas suffisantes.

Enfin, je me rappelle une maman qui m’avait contactée, désespérée: «je suis une mauvaise mère». Elle tirait vraiment de faibles quantités; un jour elle s’était installée devant la télé qui diffusait un film avec son tire-lait en se disant qu’elle n’aurait pas grand-chose comme d’habitude; c’est le bruit « bizarre » du tire-lait qui attira soudain son attention : les récipients étaient presque pleins! Cette maman culpabilisait énormément d’avoir eu autant de lait, en ne pensant pas à ses enfants! En regardant un film comique! Mais de fait, même si cette méthode n’est pas prouvée par des études, je la suggère quand même désormais en m’appuyant sur cette maman qui m’avait appelée désemparée.

Le réflexe d’éjection est représentatif de ce qui sera prélevé

Plus on a de réflexes d’éjection, plus il y a de transfert de lait.

Outre abaisser le niveau de stress, et avoir supprimé toute source de douleur éventuelle, voici quelques conseils tout aussi physiologiques pour augmenter le réflexe d’éjection.

Se masser les seins permet de « chauffer » les seins, comme un coureur masse ses mollets avant d’entamer sa course.

Masser avec de la chaleur agit encore plus.

Utiliser une petite bouillotte chaude (soit un pack chaud/froid, soit une bouillotte maison comme une chaussette remplie de riz) pour masser vos seins.

Vous pouvez également glisser la bouillotte dans le soutien-gorge durant quelques minutes, et pendant ce temps-là, passer les téterelles (à la taille bien choisie) à l’eau chaude .

Attention: pour des raisons d’hygiène, on préférera utiliser un fait-tout ou grande casserole remplie d’eau froide, mise à chauffer; car l’eau tirée chaude du robinet entraîne un décollement des saletés accrochées aux canalisations et cela pourrait souiller le matériel et contaminer le lait maternel.

Le fait de « chauffer » les seins augmente la réponse de l’ocytocine et donc l’éjection;

Le fait d’utiliser des téterelles chaudes améliore l’efficacité du transfert de lait.

Combiner ces deux techniques va permettre d’avoir un meilleur transfert de lait et peut contribuer à contrebalancer les effets négatifs sur l’éjection, d’un stress ou d’une douleur non gérés.

ATTENTION CEPENDANT: lorsque vous êtes en phase d’engorgement ou encore de congestion mammaire, vos seins sont gonflés non seulement de lait, de vascularisation accrue, mais aussi d’eau infiltrée, de tissu inflammé voire oedématié. Dans ces situations-là, la chaleur risque très fortement d’exacerber la douleur, et on préférera du froid sur le sein (pas sur le mamelon) pour diminuer l’inflammation et améliorer l’écoulement. De même, on aura intérêt à extraire un peu de lait, en alternance avec les massages, pour rendre le sein plus souple afin que vous puissiez tirer plus facilement.

Vous pouvez aussi stimuler en douceur le mamelon avant l’expression, en le massant avec des doigts propres et des ongles coupés ras, sans écraser ou presser sur le mamelon ni l’aréole, car les canaux lactifères peuvent s’effondrer très facilement et cela empêcherait un bon écoulement de lait .

Masser-compresser pendant le pompage se révèle utile quant au volume de lait transféré.

Lorsque le lait ne coule pas, masser le sein ; lorsque le lait coule, comprimer le sein, relâcher, comprimer, relâcher etc.

Deux méthodes existent, l’une préconisée par le Dr Jack Newman, consiste à comprimer durant au moins 30 secondes avant de relâcher, faire une courte pause avant de re-comprimer; l’autre consiste à comprimer en rythme comme si l’enfant était en train de téter.

Lorsque l’enfant est au sein, la maman peut trouver qu’elle recueille plus de lait lorsqu’elle pompe durant une tétée sur l’autre sein.

Une bonne fréquence des vidanges du sein (bébé et/ou tire-lait) contribue au bon démarrage et à la bonne maintenance de la production de lait, tout comme pour augmenter la production de lait. Augmenter le nombre de tirages sur 24heures, à combiner avec les éléments mentionnés dans cet article, est donc une méthode pour avoir plus de lait.

A noter que les séances de tirage longues n’apportent absolument rien.

Le conseil va à des séances plutôt courtes, entre 10 et 15 minutes (en double pompage); ce qui permet d’ajouter éventuellement des tirages supplémentaires. Enfin, régler l’aspiration au maximum ne fait pas avoir plus de lait. L’aspiration doit toujours être confortable pour avoir du lait.

Bouquet de pompages ou cluster pumping

Exprimer pendant dix minutes; faire une pause; exprimer dix minutes; faire une pause, le tout trois ou quatre fois. Telle est la méthode du cluster pumping, à réaliser une fois par 24heures (Cannon 2007), voire deux fois par 24h ; ainsi le sein reçoit l’information qu’il y a un tout petit à nourrir, donc des besoins très élevés en lait maternel.

Un autre type de cluster pumping consiste à exprimer toutes les 45-120 minutes durant plusieurs périodes de la journée. Compter une dizaine de minutes de pompage ou bien jusqu’à la fin du flot + deux minutes.

Avoir plus de lait, c’est aussi tirer tout de suite après les tétées (quand l’enfant va au sein); ainsi le sein sera vidé du lait issu de la succion du bébé, et du lait exprimé. Donc il synthétisera un volume supérieur de lait, pour la prochaine tétée. Et de tétée suivie d’expression en tétée suivie d’expression, la production remontera.

Exprimer le matin dès le petit déjeuner est un moment préférentiel pour avoir beaucoup de lait, car il y reste beaucoup de lait post-nuitée; exprimer le matin de manière générale est un moment préférentiel. L’après-midi, le taux d’hormones est plus bas, donc on a « moins de lait » ; ce qui est logique, puisque c’est une plage horaire où les enfants réclament très souvent. Il faut bien que la Nature fractionne leurs apports !

Nous aider des hormones

Introduire une séance d’expression durant la nuit entre 1h et 5h du matin permet d’augmenter la production de lait, en s’appuyant sur la prolactine dont le taux de base est plus élevé sur cette tranche horaire.

Les mamans pourront apprécier un peau à peau (si possible un véritable peau à peau, enfant portant uniquement une couche et un bonnet éventuellement) durant plusieurs minutes avant l’expression .

Conclusion

Toutes les méthodes décrites ci-dessus sont purement physiologiques, voire hormonales, ou relèvent de l’anatomie. Et elles marchent! Elles marchent sans pour autant avoir recours en plus, à des remèdes dits galactogènes.

Bien sûr, ces méthodes peuvent être couplées à un galactagogue (substance qui favorise la sécrétion lactée) si vous en ressentez le besoin.

Face aux mamans, je propose chacune de ces méthodes et nous discutons de ce qu’elles pensent pouvoir mettre en place, puis elles me rappellent, et nous réévaluons la situation ensemble. A votre tour, choisissez les propositions qui vous parlent, optez pour des combinaisons de proposition, adaptez-les en fonction du moment et de la situation dans laquelle vous vous trouvez lorsque vous tirez votre lait….

3 réflexions sur « Les secrets du tire-lait révélés #2 »

  1. Merci beaucoup pour vos 2 articles très intéressants, je me souvient avoir eu bien des soucis lorsque j’ai allaité ma fille il y a 5 ans de cela. A l’époque j’avais choisi un tire-lait qui ne me convenait pas. Heureusement, j’ai persistée et j’ai rachetée un autre tire-lait. J’ai enfin pu extraire mon lait correctement en trouvant un mode de stimulation qui me convenait bien.

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