Les femmes qui sont en situation difficile par rapport à leur allaitement ont presque toujours besoin d’un suivi rapproché. C’est pourquoi, après les premiers conseils, je leur demande toujours de me rappeler pour faire le point régulièrement. Je préfère que ce soit elles qui rappellent car ainsi elles le font au moment qui les arrange, quand leur bébé dort. Je rappelle celles qui ne le font pas, surtout quand l’allaitement est mal en point. Et bien souvent elles me disent : « Je n’ai pas osé vous rappeler parce que je suis nulle, je n’y arrive pas » ou « La situation a encore empiré, alors je n’osais pas ».
Elles n’osent pas.
Comme si on n’osait pas retourner chez le garagiste quand la voiture a encore un problème après dépannage !
La comparaison est un peu … osée, mais pas si fausse !
Et pourquoi n’osent elles pas ?
Le mythe de la femme parfaite
Un élément de réponse peut être le suivant : la société leur impose de donner une image d’elle-même qui ressemble furieusement à une superwoman, parfaite et irréprochable. Qui ne doit échouer en rien, mener de front tout un tas de choses, sourire aux lèvres s’il-vous-plait.
Quand je vois qu’une femme est à bout, je lui propose d’appeler parents, frères, sœurs, amis, à la rescousse, mais elle a souvent une bonne excuse pour ne pas le faire. « Elle habite trop loin », « Elle a de jeunes enfants », « Il travaille beaucoup ».
Oui, mais si on ne demande pas, personne ne sait qu’on est mal, tous habitués qu’on est à répondre« oui » au rituel « Ca va bien? »
Accepter de l’aide n’est pas simple
Récemment une petite mésaventure m’a amenée à réfléchir à nouveau sur la notion d’aide, mais différemment car j’étais pour une fois « de l’autre côté ». En effet, mon pré-ado de fils a un jour réussi à verrouiller ma voiture avec les clés à l'intérieur, alors que je pensais la chose impossible sur les modèles récents. Coincée à 25 minutes de chez moi, sans téléphone portable et devant récupérer ma fille à l'école, je me suis résolue à chercher de l'aide dans un magasin tout proche. Là, une cliente (avec un bébé !) m’a généreusement proposé de faire l’aller-retour pour chercher ma fille et prendre mon double de clé. Très gênée, je n'ai cependant pu qu'accepter son offre car, me dit-elle alors : « Vous ne pouvez pas faire autrement de toute façon ! »
Ainsi, moi qui travaille en permanence dans la relation d’aide, il m’était difficile de demander et recevoir de l’aide simplement. Et tandis que je réfléchissais à ce sujet tout en me laissant conduire, la gêne s’est transformée en simple gratitude. Cette adorable jeune femme me donnait trois quart d’heure de son précieux temps, comme ça, sans se poser de questions. J’ai compris que quand mon tour d’aider se présenterait, je le ferais d’autant plus spontanément ! Voilà comment on enclenche des cercles vertueux.
Tout un village !
Pour en revenir à l’allaitement, j’aime bien le proverbe africain qui dit que « Pour élever un enfant, il faut tout un village ».
Oui, l’espèce humaine est grégaire et la femme allaitante (ou non !) a besoin de son groupe humain pour vivre un maternage épanoui. Elle a besoin de savoir qu’elle peut compter sur son entourage, familial, professionnel, amical.
Alors, quand vous êtes dans une situation dont vous n’arrivez pas à sortir seul(e), soyez sympa avec les autres qui seront heureux de vous aider, et soyez sympa avec vous-même : osez demander de l’aide !
Pas toujours évident de demander de l'aide, surtout quand les femmes de l'entourage n'ont pas ou très peu de temps allaiter 🙁
oui, c’est vrai, mais on peut demander de l’aide tout simplement parcequ’on a un bébé! il ne faut pas oublier qu’à la base, ce qui fatigue le plus, ce n’est pas l’allaitement, c’est les besoins, intenses, du bébé! Et cela, toutes les femmes le vivent…
Demandezde l'aide, même si vous êtes déjà expérimentée ! Mon deuxième allaitement, prolongé en allaitement mixte à la reprise du travail, s'est arrêté brutalement à cause (je pense) d'une bonne angine assortie de fièvre, alors que j'avais surmonté toutes les difficultés liées à la transition exclusif/mixte et que mon bébé et moi avions trouvé un bon rythme.
J'ai essayé de remettre le bébé au sein pour stimuler la lactation, mais j'étais perdue, mon bébé semblait insatisfait et j'ai cru que je n'avais plu de lait. J'ai décidé d'arrêter par la force des choses, encouragée dans cette voie par le papa qui trouvait que j'en avais bien assez fait.
Et pourtant, par moment, il m'a semblé que le lait aurait pu revenir si j'avais remis le bébé au sein. peut-être qu'un avis extérieur m'aurait aidé à mieux comprendre la situation.
Oui vous avez raison de souligner qu’un deuxième allaitement n’est pas forcément plus facile! Je parle parfois avec des mamans qui en sont à leur quatrième allaitement, ont plein de problèmes et comprennent d’autant moins ce qui leur arrive!
Et, oui également, il y aurait probablement eu quelque chose à faire pour relancer la lactation après la maladie. C’est fréquent qu’il y ait une baisse de lait après ce genre d’épisode et avec un peu de patience et un bon accompagnement, ça repart!
Bonjour,
j’allaite exclusivement mon fils de 3 mois, qui continue à se réveiller 3 ou 4 fois par nuit ! Je suis donc bien évidemment d’accord sur le principe : il serait formidable de pouvoir accepter de l’aide de son entourage… mais je vous suggère alors de rédiger un article sur les pièges à déjouer pour profiter pleinement de l’aide apportée, car beaucoup de choses se jouent dans la relation d’aide. Je pense à plusieurs personnes qui sont venues pour m’aider :
– ma mère venue passer une après-midi à m’aider : au final, elle a fini par entendre que je n’avais pas encore choisi le pédiatre qui suivrait mon fils et m’a fortement incitée/forcée à appeler des pédiatres devant elle. Résultat : le rdv a été pris devant elle (je l’aurais fait sans elle de toute manière) mais je me suis sentie nulle et infantilisée.
– une amie venue déjeuner et passer l’après-midi à m’aider : elle est venue tard donc je n’ai pas pu faire la sieste (fin du déjeuner à 15h). De plus, elle s’est crue obligée de parler et m’a épuisée par sa conversation incessante. Quand elle est partie, la vaisselle était faite, certes, mais j’étais à plat !
– ma belle-mère : venue m’aider un matin, vers 10h. Je pensais qu’elle resterait 1h max, mais je n’avais pas délimité d’heure avec elle. Elle est restée 4h, m’a même regardée manger !! J’étais tellement stressée de ne pas réussir à la faire partir (et parasitée par ses mauvaises interprétations des pleurs de mon fils) que j’ai été assez désorganisée avec lui, ne réussissant plus à le calmer rapidement et répondant moins bien à ses besoins. Résultat : je me suis sentie mauvaise mère, ce qui était d’autant plus stressant devant elle, qui attend que je fasse mes preuves pour être rassurée !
Bref, ce ne sont que quelques exemples, mais je pense qu’il est difficile de bien gérer les choses !
Bonjour Bérengère
Merci de votre témoignage.
Effectivement, parfois la demande d’aide peut être mal interprétée.Essayez de donner vos limites dès le départ et n’hésitez pas à communiquer et à remettre les choses en place au fur et à mesure du temps si c’est nécessaire.