J’aimerais partager aujourd’hui avec vous une information glannée au cours d’une de mes lectures, et qui fait écho à de nombreux questionnements de jeunes mères. Elles semblent parfois tellement perdues qu’il est à se demander si certaines ne voudraient pas carrément un mode d’emploi pour comprendre leur bébé. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe et qu’il est simplissime. L’autre nouvelle, c’est que sa mise en pratique peut être plus délicate. Mais qui a dit qu’élever un enfant c’est facile?
L’information, la voici : 75% du cerveau d’un nouveau-né est consacré au contact avec sa mère (°). En d’autres termes, la grande majorité de l’attention du bébé dans ses premières semaines est pour sa mère. Cette donnée établie à partir de cartographie cérébrale est assez bouleversante, mais somme toute logique. Elle indique que la survie du nouveau-né passe par la mère. S’il perd le contact avec elle, il se sent alors perdu, car il est d’un point de vue biologique totalement dépendant d’elle : nourriture, chaleur, défense.
Et en cela, rien de révolutionnaire, me direz vous.
Le besoin du bébé pour sa mère n’est pas toujours pris en compte
Mais si cette information est connue, évidente, comment se fait-il donc qu’en 2014, on puisse encore entende de la bouche de l’entourage ou de professionnels de santé :
– qu’il ne faut pas trop porter son bébé
– qu’il faut laisser pleurer son bébé tout seul dans son lit pour qu’il s’endorme
– et que c’est n’est pas grave du tout de séparer un bébé de sa mère la nuit puisqu’il dort ?
Et comment expliquer que de nombreux protocoles en salle de naissance enlèvent encore à sa mère l’enfant né en bonne santé, d’une grossesse normale à terme, dans les premières heures voire les premières minutes de sa vie. Et cela pour quoi ? Pour s’adonner à des activités d’importance secondaire telles que le bain et la prise de poids.
Bien des séparations sont évitables
Dans le même ordre d’idées, une maman m’a récemment confié sa peine. Son bébé, né à 33 semaines de grossesse, était hospitalisé depuis plus de quinze jours. Cette mère habitait à deux heures de l’hôpital, et n’avait pas la possibilité d’y rester la nuit, parce que rien n’avait été pensé en ce sens. Elle faisait donc quatre heures de route pour aller voir et allaiter son bébé. Celui-ci avait dépassé son poids de naissance, était en bonne santé, et autonome au niveau respiratoire. Et pourtant, il devait rester à l’hôpital jusqu’à la date prévue pour le terme, parce que le protocole était ainsi fait. La maman était désespérée de cette situation, et avait bien du mal à maintenir sa lactation.
Bien sûr, l’équipe médicale avait fait un très bon travail… mais dans la relation mère-enfant, il y a bien plus que du médical…
Et qu’advenait-il donc dans la tête, et le coeur, de ce bébé, avec les 75% de son petit cerveau qui cherchaient avidemment le contact permament avec sa mère? Rappelons-le, la séparation d’avec la mère, pour le nouveau-né, c’est la mort potentielle. Car dans la nature sauvage, elle seule peut le nourrir. Cette mémoire archaïque est présente dans chacune de nos cellules. Et il n’est pas impossible que ce stress profond, cette souffrance, puissent être à l’origine de bien des maladies. C’est en tout cas ce que pensent un certain nombre de thérapeutes, de plus en plus nombreux (°°).
Répondre présente
Donc le mode d’emploi d’un nouveau-né est simple : il faut que sa mère réponde présente à sa demande incessante de contact.
Par contre attention, cela ne signifie pas forcément mise au sein! Toute la difficulté est de répondre intelligemment à la demande. Mais, bonne nouvelle, vous en avez les capacités, elles ne demandent qu’à s’exprimer. Et si vous doutez, entourez vous de personnes, professionnelles ou non, qui vous aideront à aller chercher au fond de vous-mêmes ces compétences innées de maternage.
Répondre présent
Et pour conclure cet article, je voudrais aussi m’adresser à vous messieurs. Ne soyez pas jaloux de cette attention majoritaire pour la mère dans les premières semaines. D’une part parce vous aurez ensuite toute votre vie pour vous aussi profiter de l’attention de vos enfants. D’autre part et surtout parce que votre rôle est magnifique : vous avez à protéger cette dyade mère-enfant. Cette protection ne passe plus comme jadis par une force physique, les ours et autres prédateurs s’étant considérablement raréfiés au cours des sièces. Il va vous falloir déployer vos forces morales pour écouter, soutenir, et parfois avoir du recul pour deux face à certaines situations délicates. Belle mission en vérité!
(°) Claude Sabbah, Séminaire de Biologie Totale des Etres Vivants
(°°) Bernard Tihon, Le sens des Maux