En France,depuis quelques années, on entend parler des doulas . . Ce métier, encore méconnu dans l’Hexagone, est reconnu depuis de nombreuses années en Angleterre et aux Etats-Unis. Mais qu’est ce qu’une doula? Que fait-elle ? Quel est son champ d’action ? Leslie Lucien, doula à Paris, a accepté de nous en dire plus.
« Dans la vie, je suis doula ! » annonce Leslie. Elle précise que cette déclaration suscite souvent de nombreuses interrogations. “Douala ? », lui rétorque-t-on alors, « comme la capitale économique du Cameroun ? » Les gens pensent régulièrement à tort que le terme doula, vient d’un pays d’Afrique, et sont surpris quand je leur explique l’étymologie du mot. “Doula” vient du grec ancien. Certains le traduisent par “celle qui sert la mère”, mais c’est un euphémisme. En grec, doula signifie “la femme esclave” et aux temps de Socrate et de Périclès, le terme désignait la domestique qui s’occupait des tâches de la maison et en particulier des soins de sa maîtresse : sa beauté, sa santé, les soins, et naturellement la grossesse et l’accouchement.(1)
Être doula ou accompagnante à la naissance, c’est se mettre au service et à l’écoute des femmes, du couple, dans ce temps de bouleversement que constitue l’arrivée d’un enfant. Cette professionnelle associe alors un savoir-être et un savoir faire. Une doula n’est pas une soignante. Son accompagnement n’a pas de visée thérapeutique. Elle accompagne comme pourrait le faire une soeur, une amie, avec en plus la neutralité et le recul que ne peuvent pas avoir les membres de la famille ou les proches.
Les couples font appel à ses services au moment de la grossesse ou du désir d’enfant, pendant et après l’accouchement. Quand le couple a un projet d’enfant ou que le bébé vient tout juste de s’installer au creux du ventre de sa mère, la doula offre un soutien émotionnel, des temps d’échanges de deux heures environ, toujours au domicile de le femme, du couple. Elle va toujours veiller à rencontrer la famille, chez elle, dans son cocon. Cette présence, au sein du foyer, permet à la famille d’être plus à l’aise pour partager, échanger sur ce qu’elle vit. Ces moments d’échange permettent de mettre des mots sur les ressentis émotionnels et physiques, de prendre un temps précieux pour soi, de se sentir entendu.
Ces rencontres viennent toujours en complément du suivi classique de la grossesse par un praticien de santé (sage-femme, gynécologue, autre…) car les doulas accompagnent uniquement des couples suivis par ailleurs par un professionnel de santé.
Certaines doulas sont également présentes à la naissance du bébé avec l’accord de l’équipe médicale. En anglais, on parle de “birth doula”. Durant l’accouchement, toujours en complément de la sage-femme, la doula va soutenir la mère et le couple, par des respirations, de l’écoute, des encouragements, elle prendra soin de préserver l’espace précieux, chaleureux et intime dont la femme a besoin pour mettre au monde son bébé.
En soutien post-natal, la doula accompagne les couples en leur apportant un soutien émotionnel et logistique. Cuisiner pour les jeunes parents, aider au rangement de la maison, prendre un temps pour jouer avec les ainés de la famille, lancer une machine ou être présente auprès de bébé pendant que la maman prend une douche sont quelques unes des tâches qui peuvent lui être confiées. Les familles (et les jeunes mamans particulièrement) ont souvent besoin d’une présence au téléphone, de sentir qu’elles peuvent poser les questions qu’elles souhaitent à tout moment de la journée et de la semaine, que ce soit à propos des soins du bébé ou de l’allaitement par exemple.
Chaque doula a aussi ses spécificités d’accompagnement. Je travaille beaucoup avec les outils d’écoute active, le chant prénatal, l’HypnoNatal et le soutien à l’allaitement. Certaines de mes collègues intègrent quant à elles le yoga prénatal, ou le Rebozo (ce tissu mexicain qui permet d’enserrer le bassin de la femme enceinte et ainsi de relâcher toutes les tensions au niveau émotionnel et musculaire).
La doula travaille toujours en réseau. Elle s’appuie sur ses collègues pour échanger régulièrement sur ses pratiques, et elle oriente vers d’autres professionnels lorsqu’ils ont besoin d’un soutien spécialisé : sages-femmes, consultantes en lactation IBCLC, pédiatres, ostéopathes, chiropracteurs.
Les femmes me disent souvent : “Nous ne connaissions pas le métier de doulas avant de te connaître, c’est une amie qui nous offre tes services en cadeau de naissance, et nous comprenons tellement aujourd’hui à quel point l’accompagnement par une doula est important. Vous vous glissez là où notre besoin de soutien émotionnel, d’écoute, n’est que partiellement comblé par l’accompagnement médicalisé à la maternité. Nous sommes sortis avec notre bébé dans les bras, nous nous sentions parfois seuls et un peu perdus et tu étais là ! “
En effet, l’accompagnement médical, par la sage-femme, le gynécologue ou le médecin traitant est primordial ; il permet de cheminer durant sa grossesse et de vérifier que tout se passe bien, et ainsi de prévenir d’éventuelles complications. Néanmoins, comme le souligne Jeanne, le suivi médical ne satisfait pas toujours complètement les besoins des familles.
Le travail des soignants et celui des doulas sont donc très complémentaires, nous avons le même objectif en commun : le bien-être de la famille et de son bébé.
Pour aller plus loin, je vous invite à aller lire le site “doulas.info” le site de l’association Doula de France, qui a créé il y a plus de dix ans maintenant une charte d’engagement que les doulas signataires s’engagent à respecter. Pour que notre beau métier soit de plus en plus reconnu et valorisé, pour le bien être des bébés et de leurs parents !
1. source “Association des Doulas de France”