Vous qui lisez régulièrement le blog allaitement, peut-être vous souvenez-vous de l’histoire de Cathy *et de sa fille Manon* ? Pour résumer, après une grossesse et un accouchement difficiles, Cathy a rencontré des problèmes au démarrage de son allaitement. Le personnel de la maternité lui a conseillé d’utiliser un « bout de sein », qu’elle n’a jamais pu supprimer, Manon s’étant habituée à téter avec. Cathy a loué un tire-lait. Le modèle qui lui avait été proposé date de plus de 30 ans et elle n’extrayait que quelques gouttes de lait au départ. Grâce à une consultante en lactation, elle a changé de tire-lait et a réussi une relactation. Au final, elle a tout de même allaité 5 ans !
Elle a souhaité nous raconter quelques détails supplémentaires de son histoire et notamment les obstacles qu’elle a surmontés parce qu’elle estime que cela peut sans doute aider certaines d’entre vous à dépasser ces mêmes difficultés.
Lorsqu’elle a accouché, elle a subi une épisiotomie et un hématome qui l’ont fait souffrir au point qu’elle n’a pas dormi la première nuit à l’hôpital. En raison du manque de formation dans le domaine de l’allaitement, les soignants n’ont alors pas osé lui donner d’antalgique. Ce n’est que le lendemain qu’elle a pu bénéficier d’un traitement médicamenteux et d’une poche de glace qui l’ont un peu soulagée. A présent, elle sait trouver des renseignements concernant les médicaments compatibles avec l’allaitement sur le site du CRAT (Le Centre de Référence sur les Agents Tératogènes ) et peut le conseiller aux autres mamans qui allaitent autour d’elle.
En hiver, elle s’est aperçue qu’elle avait les mamelons tout blancs. Elle ressentait des douleurs aiguës, intenses, à type de brûlure. Elle a alors demandé conseils à la consultante en lactation qui a identifié un vasospasme des mamelons. Dans ses antécédents, la consultante note un syndrome de Raynaud au niveau des orteils et des doigts depuis ses 13 ans, ainsi que des migraines. Elle lui a conseillé d’éviter l’exposition au froid, de favoriser la circulation sanguine au niveau de la partie supérieur du corps en faisant de grands mouvements de rotation avec les bras, d’appliquer de la chaleur juste après la tétée.
L’autre difficulté a été son sein droit… ah celui-là ! Cathy a eu un engorgement au sein droit à la maternité. Celui-ci n’a pas été drainé car Manon dormait et ne tétait pas. Le tire-lait de la maternité était trop ancien, inefficace et entraînait des douleurs. L’engorgement a probablement conduit à une destruction de certaines cellules sécrétrices avec une diminution de la production de lait. Manon s’agitait au sein et pleurait. Cathy n’allaitait pratiquement qu’avec le sein gauche.
Quand elle a repris le travail, elle tirait son lait à la pause de midi. Un jour, alors qu’elle recueillait son lait, elle a ressenti une douleur insupportable au mamelon droit. Elle s’aperçoit alors qu’il est décollé et saigne. Elle téléphone aussitôt à sa consultante en lactation qui lui conseille de mettre de la lanoline recouverte d’une compresse. Le mamelon cicatrise au bout de plusieurs jours mais Cathy n’a pas le courage de refaire téter Manon à ce sein ni de tirer son lait de ce côté. Elle décide donc de n’allaiter qu’avec le sein gauche qui est d’ailleurs celui qui produit le plus.
Aujourd’hui, Manon a 10 ans, elle a eu sa première gastro-entérite cette année… preuve pour Cathy des bénéfices de l’allaitement. Il arrive à sa fille de dire « maman, tu te souviens quand je tétais ? C’était tellement bon ton lait. Moi aussi, je commence à avoir des nénés, bientôt je pourrai allaiter ». Cathy lui répond alors « mais il faut avoir un bébé pour allaiter ». Manon : « Ah oui, c’est vrai ». Et toutes deux rient aux éclats.
*pour préserver l’anonymat, les prénoms ont été modifiés
[Auteure] : Carole
[Biographie] : Carole est puéricultrice à l’unité territoriale de protection maternelle et infantile. Elle est titulaire d’un DIULHAM (Diplôme Inter Universitaire en Lactation Humaine et Allaitement Maternel).
Magnifique témoignage qui motive encore plus à poursuivre l’allaitement. Merci