Le bébé de Marion est né avec une laryngomalacie. Voici son histoire.
Je pourrais vous parler de mon premier allaitement, intuitif, loin d’être parfait mais dont je suis fière, cet allaitement qui a pris fin le jour symbolique du 1an de mon petit Lou.
Mais je vais plutôt vous raconter ma nouvelle aventure, celle que je partage chaque jour avec Jude depuis plus de 4 mois maintenant.
Il faut savoir qu’on pense que l’allaitement est inné, intuitif mais c’est surtout un sacré défi !
Je suis une femme confiante, battante et plutôt sûre de moi, surtout après l’allaitement de Lou.
Avant l’arrivée de numéro 2, j’ai voulu encore plus m’informer pour être incollable et mener mon second allaitement le plus loin possible. J’ai consulté avant sa naissance, une consultante en lactation IBCLC pour être prête à ma reprise du travail, avoir des conseils sur le tire-lait qui me conviendrait etc.
Mais à la naissance de Jude, je me rends très vite compte que son allaitement ne se déroule pas comme celui de mon aîné. Il se fatigue très vite, il a du mal à activer l’éjection du lait et s’endort sur le premier sein sans se réveiller quand je le stimule et lui propose le second. Il pleure beaucoup après chaque tétée. Pourtant, on vient de faire le rendez-vous pédiatre du premier mois et « tout va bien ». On nous a parlé d’un larynx mou mais il va bien et puis « ça passera tout seul ».
Très vite, depuis nos vacances en Corse, le papa et mois décidons d’appeler notre consultante IBCLC et lui racontons un peu le comportement de Jude. Cette dernière nous parle immédiatement d’un comportement typique d’un bébé avec une laryngomalacie. Bingo, dans le mille ! Les mots de « larynx mou » nous reviennent en boomerang.
Jude est né avec une laryngomalacie. En gros, les tissus des voies aériennes, situés au-dessus des cordes vocales sont trop souples et les muqueuses peuvent obstruer les voies respiratoires et ce cartilage immature peut amener à des difficultés respiratoires bien sûr mais aussi des difficultés pour s’alimenter.
Avec la consultante, nous avons mis en place des petites astuces pour booster ma lactation. Comme pour un bébé prématuré, il doit avoir tout le lait nécessaire dès qu’il attaque la tétée.
S’ il ne se nourrit pas assez, nous devons l’aider et nous devons le surveiller pour qu’il ne perde pas de poids et surtout, pour qu’il en prenne suffisamment.
Dans l’idée de mon allaitement parfait, j’avais omis que des difficultés qui ne nous étaient pas propres pourraient venir entraver ce parcours qui pour moi était si évident, si facile !
Dès notre retour de vacances, j’appelle un prestataire de services pour louer mon tire-lait qui allait devenir mon meilleur ami pour les mois à venir. A partir de ce jour, je me lance dans un sacré défi : nourrir suffisamment mon bébé et tirer du lait supplémentaire pour essayer de lui proposer des biberons en plus du sein. Jude les refusera dans un premier temps, alors je remplis le congélateur en prévision de mon retour à une activité professionnelle et à l’entrée de mon tout petit en crèche pour ses 3 mois.
Arrive la séparation, et là, c’est un nouveau marathon qui s’impose à moi : allaitement à la demande (évidemment !) à la maison et tirer mon lait dès qu’il n’est pas là, que je sois en déplacement ou en télétravail. Je suis freelance dans la publicité alors je suis plutôt flexible dans mon planning mais du coup, mes différents employeurs ne sont pas nécessairement informés de ma nécessité de tirer mon lait.
Et enfin, dernier challenge, et pas des moindres : la crèche. Si vous avez déjà décidé d’allaiter votre bébé et l’avez placé en crèche, alors vous savez sans doute de quoi je parle.
Il nous a fallu trouver notre rythme avec les biberons : donner assez de lait pour la journée, sans trop en donner sinon, direction l’évier (et là, chaque maman a déjà eu envie de pleurer toutes les larmes de son corps !), préparer en avance les biberons avec les « bonnes » quantités (car le personnel ne « manipule pas le lait maternel ») quand on ne sait pas vraiment ce que prend notre bébé puisqu’il est au sein.
Et c’est parti pour les pains de glace, les sacs de congélation, les petites étiquettes, les « On a dû jeter 4 biberons », « Il n’a pris que 50ml aujourd’hui », le médecin de la crèche qui insiste pour essayer du lait artificiel « au cas où », les chiffres sur la balance qui se répètent et ne bougent pas au fil des semaines alors qu’on fait tout pour.
Et puis, on ne lâche rien, ni le papa, ni moi. Mon homme me soutient, chaque jour. C’est mon pilier, mon « pap’assistant » comme on aime à l’appeler.
Et puis le temps passe, les puéricultrices sont un peu plus souples à la crèche, ils apprennent à se connaître et Jude prend un petit peu plus chaque jour.
Moi je cours, entre les studios, la maison, la crèche. Mon tire-lait souvent à la main, je cuisine, je me maquille pendant que je suis « branchée ».
Mais finalement, on trouve notre rythme et surtout on s’adapte !
Et hop ! un deuxième confinement, on décide de garder les enfants à la maison, alors mon corps et mes seins sont à nouveau sollicités dans un nouveau rythme. C’est le retour de Jude à la maison à temps complet. Ceci dit, parfois je peux télé-travailler un peu et papa est là ; il propose des biberons de mon lait, il m’amène mon tire-lait, une infusion, veille à ce que j’ai toujours une bouteille d’eau à portée de main.
Certains jours, je sens que ma production faiblit ; ça arrive mais on sait quoi mettre en place, on sait y remédier et nous avons confiance. On materne, on materne, on se noie d’amour et on se dit que cette période étrange nous apporte quelque chose de précieux : du temps tous les quatre.
Finalement j’ai appris encore un peu plus à écouter mon instinct, à écouter mon corps et l’accompagner dans chaque étape de ma vie, de nos vies, pour moi, pour mes enfants.
L’allaitement, c’est décidément bien plus qu’une simple histoire nourricière.