Avant même d’accoucher de mon petit garçon, je savais que je voulais l’allaiter au moins 3 mois.
Mon métier de chanteuse lyrique, intermittente du spectacle, m’a obligé à reprendre très vite… 6 semaines après la naissance. J’ai donc dû commencer à tirer mon lait au bout de 3 semaines, pour faire des réserves, mais aussi pour faire des essais : acceptera-t-il de se nourrir autrement qu’au sein ? Quelle dose va le rassasier ? Reviendra-t-il au sein facilement ?
Les premiers essais ayants été très satisfaisants, je me suis lancée dans l’aventure, avec la précieuse aide d’une consultante en lactation, sans laquelle je n’aurais même pas commencé.
A partir de là, je ne me suis plus jamais déplacée sans mes fidèles compagnons : mon tire-lait et ma glacière. Je me suis vue tirer mon lait dans les toilettes de radio France, de toutes sortes de trains, d’aéroports, de restaurants, dans des loges plus ou moins cosi, des sacristies, des bus de tournée ! (sans toilettes évidemment autrement cela aurait été moins drôle!).
Et l’organisation ! Parce que oui, tout ça demande une sacrée organisation ! Combien de repas mon bébé va-t-il prendre en mon absence ? Ai-je assez de stock au congélateur ? Si non en faire (cela m’est rarement arrivé, voire jamais, car j’avais pas mal d’avance). Combien de temps je pars ? Combien de fois vais-je tirer mon lait et du coup, de combien de sachets vais-je avoir besoin pour le conserver ? Quand puis-je caser un moment pour tirer mon lait sans que ça perturbe les répétitions mais que je reste dans les temps pour ne pas avoir les seins qui explosent et respecter le temps maximum entre deux “tétées”? Y aura-t-il un frigo ? (trains, hôtels, théâtres…bus), demander qu’on me mette au congélateur les pains de glace de ma glacière. Parfois même quelques sachets, craignant que le lait tiré depuis trop longtemps ne périme. Mettre mon réveil très tôt le matin à l’hôtel pour tirer mon lait avant de prendre un train à 7h30. Ne rien oublier avant de repartir de tous ces endroits !
Un matin, en retard, j’ai demandé à mon compagnon de m’aider et de mettre les éléments du tire-lait dans la sacoche qui lui était dédiée. Je partais en enregistrement pour la journée. Arrive la pause. Et là l’angoisse totale car il avait oublié de mettre un élément ! Par chance (énorme chance!), une collègue tirait son lait aussi et m’a prêté sa machine ! Bon… le fait est qu’elle ne me convenait pas du tout car elle ne tirait pas assez fort mais ça m’a soulagée jusqu’à la grande pause où j’ai fait un aller-retour chez moi pour tirer mon lait vite fait. Je n’ai plus jamais demandé à personne de préparer mon matériel !
Et puis parfois, j’ai emmené mon bout de chou avec moi. Allaité pendant les voyages et les pauses, en embarquant mon matos pour qu’il puisse être nourri par les personnes qui le gardaient quand je répétais ou que j’étais en représentation.
Vous me direz, 3 mois, c’est pas si long. En effet. Une fois l’affaire lancée je n’ai pas vu l’intérêt d’arrêter et j’ai continué 3 mois de plus, puis 6 mois encore.
Très sincèrement je ne voyais pas pourquoi mes collègues me disaient que j’étais courageuse ! Et après 6 mois que j’ai arrêté de tirer mon lait, je me relis et je me dis : » j’ai fait tout ça ! En plus de mon travail ?!!! Mais cette femme n’est pas moi ! » Eh bien en fait je dirais que l’expression “quand on veut on peut” prend tout son sens ici. Je dirais même : “quand on veut, on veut” . On ne réfléchit pas. On agit. Je suis à présent très fière de pouvoir me dire que j’ai allaité exclusivement mon petit garçon pendant 6 mois et que les 6 mois qui ont suivi, il a continué à boire mon lait en plus de l’alimentation solide et n’a JAMAIS bu un seul biberon de lait artificiel.
Si c’était à refaire, je le referais. Sans me poser la moindre question. C’était pour moi une façon d’être indirectement avec mon bébé. Le fait d’avoir un travail épanouissant m’a aussi très certainement aidé à ne jamais en avoir assez. J’encourage toute maman nomade et qui a envie d’allaiter son enfant, à essayer. Le résultat et la satisfaction en valent vraiment la chandelle !
[Auteure] : Agathe Boudet
[Biographie] :
Agathe est la maman de Gabriel. Elle mène de front depuis plus d’un an sa vie de maman et son activité de chanteuse lyrique.
Très beau témoignage! J’ai aussi fait partie de ces mamans qui se démènent pour prolonger l’allaitement malgré une vie professionnelle bien remplie. Je me suis fait la même réflexion, je ne me sens pas “courageuse” tout est tellement naturel que je me sentirai au contraire frustrée et coupable de délaisser mon allaitement !
Merci de votre témoignage, Florie