Une jeune femme enceinte me disait l’autre jour : « Moi, je ne vais pas m’embêter à allaiter alors que les laits en poudre existent. »
En général, lorsqu’une femme enceinte dit cela à un professionnel de l’allaitement, c’est qu’elle a besoin d’être correctement informée et rassurée. Et mon rôle n’est pas de la convaincre à tout prix, mais de l’accompagner pour qu’elle prenne sa décision en toute connaissance de cause plutôt que de le faire de manière dogmatique. Comme je savais qu’elle était enseignante en philosophie, plutôt de lui refaire la liste de tous les avantages de l’allaitement, je lui dis tout simplement :
– Je peux comprendre votre position, mais d’un autre côté, comme l’a dit Aristote : « La nature ne fait rien en vain ni de superflu… ». Il me semble que chaque jour, la science lui donne raison. Alors si les seins des femmes font du lait, c’est que ce n’est pas superflu…
Et elle me répond du tac au tac :
-De toutes façons, mes seins, je les réserve à mon mari, c’est comme ça. »
Cela signifiait que la conversation était close. Prise d’une inspiration, je lui demande :
-Tiens d’ailleurs, qu’en pense-t-il, votre mari, de l’allaitement?
J’aime bien connaître l’avis des futurs papas, ou en tous cas, ce que veulent bien en dire les femmes, car, même si le corps de la femme lui appartient totalement et donc la décision finale d’allaiter ou non, le papa est responsable de la santé de son enfant. Et, à ce titre, il a le droit et le devoir de participer à la réflexion.
Elle me répond qu’il ne sait pas quoi penser. J’invite la jeune femme à tout hasard à communiquer mon numéro à son mari, s’il a des questions. Je ne m’attends pas à ce qu’il m’appelle.
Et pourtant, c’est ce qu’il fait quelques jours plus tard. Il veut tout savoir de l’allaitement! Après une longue conversation, il me remercie et me dit « Bon, il me reste deux mois pour la convaincre, je crois que je vais y arriver.»
J’avais un sourire jusqu’aux oreilles, parce que je savais que c’était déjà gagné! La jeune femme souhaitait allaiter au plus profond d’elle-même. Elle savait bien que l’allaitement n’a rien de superflu, qu’il est dans l’essence même de la maternité, de l’humanité. Que si les glandes mammaires de la femme produisent un si précieux liquide, ce n’est pas pour qu’on les arrête à coup de médicaments bloquants.
Mais elle avait peur que son mari l’aime moins si elle donnait une part de son corps à son bébé. Elle avait besoin que ce soit lui qui vienne à elle pour lui dire : « Ce serait bien que tu allaites, qu’en penses-tu? »
Futurs papas, futures mamans, parlez entre vous, échangez sans non-dits vos souhaits, vos peurs concernant cet enfant à venir, sa naissance, son allaitement… Tissez ensemble le berceau dans lequel vous allez l’accueillir. Vous construirez ainsi la paix dans votre famille, et, par delà, cette paix dont le monde a tant besoin.
C’est tellement vrai!
L’avis du papa est primordial et parfois, de façon surprenante, il peut être plus favorable à l’allaitement que sa compagne!
Mon conjoint à toujours été très présent et d’une aide precieuse dans le démarrage de mes allaitements. Mais ce qui m’a le plus surpris, c’est qu’au début de ma première histoire d’allaitement, quand je lui ai demandé, en fragilisée par des débuts difficiles et une dépression post parti persistante, combien de temps il souhaitait que j’allaite, il m’a répondu le plus naturellement du monde : “jusqu’à ce qu’elle n’ai plus besoin de lait”.
Incroyable! Alors que je ne savais pas moi même ce que je souhaitais, entendre mon cher et tendre m affirmait que je devais continuer jusqu’au sevrage naturel et par là même me signifier sa confiance pour l’accomplissement de cette mission m’a mis un énorme coup de baume au coeur. Et voilà comment celle qui voulait allaiter jusqu’à 6 mois vit la magie d’avoir une petite fille de 3 ans qui prend encore du réconfort au sein de sa mère. Merci pour cet article et merci aux papas…