J’ai commencé à allaiter un certain 7 décembre, à la naissance de mon fils. Cela est venu à moi comme une évidence. Je n’avais aucune expérience en la matière. Je n’y étais pas préparée et dans mon entourage personne ne l’avait fait, surtout pas ma mère qui était de la génération où les biberons avaient sauvé les femmes au nom d’un certain féminisme.
La sage-femme qui m’avait suivie pendant ma grossesse et durant mon accouchement ne m’avait pas bien préparée à cette activité quotidienne qui m’attendait. Dès le début, sans rien savoir, je mettais simplement mon fils, au sein, quasiment toute la journée. Et c’est seule que j’ai vécu la montée de lait, trois jours après. Je me suis également débrouillée sans aide avec le tire-lait. Le modèle que l’on m’avait loué n’était pas le plus adapté pour moi mais je l’ignorais à ce moment-là. Que d’expériences déstabilisantes, de moments de solitude, de sentiments d’être novice !
Heureusement, mon entourage m’a conseillé de rentrer en relation avec la LLL (La Leche League). Ce fut une merveilleuse opportunité. Grâce à internet, j’ai pu rencontrer d’autres femmes, lire leurs témoignages, demander des conseils, les appeler, et même leur demander des services ou en rendre moi-même par ce biais… Oser aller vers des inconnues qui partageaient avec moi les joies et les inquiétudes légitimes de la maternité, quel cadeau ! Enfin, je ne me sentais plus seule. J’apprenais qu’il existe plusieurs groupes de soutien de mamans. J’avais la possibilité d’échanger par messagerie privée par internet et nous pouvions nous rencontrer physiquement de façon régulière selon les besoins de chacune. Ce principe très chaleureux m’a tout de suite plu. Et quand bien même il n’existait pas de groupe physique à côté de chez moi, j’ai pu rejoindre un groupe de mamans allaitantes.
La qualité des échanges, la disponibilité de
chacune m’ont fait le plus grand bien. Quand on materne un
nourrisson, on se pose une multitude de questions et pouvoir lire les
messages la nuit, lors des insomnies, échanger en allaitant, savoir
que l’on n’est pas seule, est vraiment précieux. Et si on a la
chance de pouvoir se déplacer à des réunions et rencontrer
d’autres mamans en sachant qu’on y sera reçue avec son bébé,
ses autres enfants le cas échéant et son conjoint, c’est encore
mieux. Que de ressources alors à ma portée ! Je me suis tout
de suite sentie moins seule.
En outre, se sentir accueillie comme
on est, sans jugement, avec bienveillance et être écoutée, c’est
si rare. D’autres mamans avaient des vécus et des questionnements
proches des miens ; je pouvais m’identifier, et être soutenue
et épaulée aussi. C’est inégalable !
Ce réseau m’a permis de continuer mon allaitement, de conjurer certaines peurs. Ça m’a rendu plus forte. L’échange s’est même étendu bien au-delà de messages cordiaux. Il est devenu une source de bien-être et de confiance en moi !
J’ajoute que j’ai fait rayonner ce que mon réseau de mamans m’apportait. C’est ainsi que je me suis sentie en confiance pour allaiter au parc, au restaurant. Et cela s’est traduit par des regards émerveillés, admirateurs. Certaines femmes exprimaient même leur gratitude de pouvoir être témoin d’un tel spectacle simple et naturel d’amour et de lien.
Il se trouve aussi que nous venions tout juste d’emménager dans une nouvelle résidence. Mon allaitement a été le moyen de tisser un lien rapide et même intime avec les jeunes mères résidentes qui allaitaient elles aussi. Quel bonheur de partager ensemble nos astuces, nos lectures, en plus des habits d’enfants. De ce fait, je suis même devenue une référente auprès de mes amies, qui n’ont pas hésité ensuite à venir me demander conseil. Cela a créé une proximité incroyable.
Et ce sujet se déploie au-delà de notre sphère intime puisque je me suis sentie libre de l’évoquer auprès de praticiens soignants (ostéopathe, dentiste…). L’allaitement ne laisse certainement pas indifférent. Il peut même créer des connexions inattendues.
[Biographie] :
Juliette, maman de Tim 5,5 ans et 3,5 ans qu’elle a tous deux allaités avec bonheur et même co-allaités . Son postulat est : “Avant, j’avais des principes, maintenant je suis maman !”