Archives par mot-clé : fatigue

Le père et l’allaitement maternel

Pour ce thème , rien de mieux qu ‘un homme pour en parler et ce sera Thomas Ritou (1), infirmier puériculteur, consultant en lactation IBCLC qui le fera. Merci à lui pour ce bel article.

Les pères se demandent souvent comment créer du lien avec leur nouveau-né, particulièrement quand celui-ci est allaité. Cette interrogation est parfaitement légitime et découle des changements de notre société. Existerait-il des moyens pour un père de trouver sa place auprès de son enfant quand celui-ci est allaité ? Voyons cela de plus près.

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les debuts difficiles, une victoire meritee


Maman de deux jeunes enfants, Perrine est réflexologue.

Voici mon histoire

J’ai accouché d’une petite fille poids plume après une grossesse assez mouvementée et éprouvante. J’avais beaucoup écouté les expériences d’allaitement de mes amies. J’avais compris et retenu que cela pouvait être difficile, douloureux voire fatiguant parfois. Pour le coup, je n’envisageais l’allaitement que comme une possibilité “si ça ne devenait pas trop compliqué“. J’avais préparé une batterie de biberons prête à l’emploi. Bien que je sois très orientée médecine naturelle et alimentation saine et non transformée depuis mes 20 ans, allaiter était loin d’être une conviction consciente !

Et cet ange s’est alors déposée dans ma vie… Première rencontre, premier regard. Je suis surprise par son instinct de vie, je la vois sentir le sein, l’attraper et me regarder, comme si tout cela était facile et programmé pour aller de soi. Nous baignons dans un bain d’ocytocine. Le temps de peau à peau est merveilleux bien que trop court à mes yeux. Nous retournons en chambre. Mon bébé idyllique se repose après son si long voyage. Nous sommes une maman et un papa comblés. Mon compagnon nous laisse ému aux larmes promet de revenir tôt le lendemain matin.

Le séjour à la maternité

J’essaie alors de donner le sein à mon bébé, mais cette fois-ci ça fait mal. Je sers les dents. On affirme que c’est normal, on me réinstalle et on me conseille d’appeler quand j’ai du mal à mettre mon bébé au sein. Je demande de l’aide pour chacune des tétées afin que l’on vérifie que ma fille est bien installée. Je reçois alors un flot de réponses péremptoires : “C’est normal que ça fasse mal”, “elle ne sait pas téter ; elle n’y arrivera jamais”, “c’est quand même pas compliqué“. Et puis les douleurs me submergent : celles de l’allaitement, celles de l’accouchement, celles de l’épisiotomie ; elles s’ajoutent à mon épuisement grandissant autant moral que physique. Un compte-rendu écrit de mon accouchement m’apprendra, 8 jours plus tard, que j’ai perdu 1 litre de sang lors de mon accouchement. Il a même fallu me perfuser.

Je n’ai pas le droit de prendre mon bébé dans mes bras quand je fais quelques pas dans le couloir de la maternité : “Attention madame, elle est fragile ». Je suis pressée de rentrer chez moi et d’échapper à un lot de rites que je juge agressifs. Je me sens alors si fragile. On m’a intimé l’ordre de réveiller ma fille de force pour la nourrir. Je trouve ça laborieux et même cruel.

Enfin à la maison

Enfin chez moi, je retrouve une certaine tranquillité mais je reste seule face à mon allaitement. Ma mère assure que ma fille a faim, que je n’ai pas assez de lait, que c’est comme ça et qu’il faut que je me résolve à donner le biberon. Le pédiatre en rajoute et rejoint les dires de ma mère. Pour autant, je ne parviens pas à abandonner au profit du lait industriel et j’ai recours à un tire-lait pour offrir un peu plus de lait à mon bébé. J’obtiens alors 40 ml de lait avec difficulté. N’ai-je donc réellement pas assez de lait pour ma fille ?

Mon embarras ne s’arrête pas là. Des crevasses sont apparues et me font terriblement souffrir. Je suis prête à abandonner à tout bout de champs. Mes nuits sont courtes, difficiles. Ma petite puce demande à téter sans cesse. Malgré tout, je ne me résous pas à donner ce fameux biberon. Je m’inquiète que mon bébé ne se retrouve perdu entre le sein et la tétine. Je tiens 3 semaines ainsi. Je sens au fond de moi que, malgré tout, mon lait est ce qu’il y a de meilleure pour elle. Son papa est à mes côtés et il est à peu près aussi démuni que moi. Pour lui, j’ai de la chance dans ma peine : j’ai tout de même du lait, c’est moi la maman, c’est moi qui sait.

Pourtant je suis perdue. A bout de force, de fatigue, de douleurs, je me morcelle. Je décide de jouer une dernière carte, et si ça ne va toujours pas, je lâcherai.

J’appelle une consultante en lactation

Et là, alors que j’ai le sentiment d’être au bout du bout, prête à renoncer à contrecœur, à constater mon échec, je trouve enfin le soutien dont j’avais tant besoin. Comme par miracle, assise dans mon canapé à expliquer comme je lutte, comme j’ai mal, comme ma fille pince, je constate qu’elle tète “pour de vrai” et sans me blesser. Il aura fallu 3 semaines pour que ça se mette en place. J’aurai mis 3 semaines à trouver le soutien adéquat, et une bienveillance sincère à mon égard.

Je rassemble les conseils de cette consultante. Je troque mon tire-lait pour un modèle plus adapté. Je mets mon bébé au sein de façon plus harmonieuse et j’ajoute à mon régime quelques compléments alimentaires. Peu à peu, je retrouve la confiance que je perdais.

Le chemin – une véritable lutte finalement – a encore duré quelques semaines. Au moindre temps libre, je tirais mon lait. Mon ami prenait le relais la nuit pour que je me repose entre deux tirages. Les tétées étaient nombreuses, et complétées par mon lait tiré. Et tous ces efforts ont fonctionné. Petit à petit, le tire-lait est devenu l’allié de ma victoire. Les flacons de recueil se remplissaient aisément et ma fille pouvait à présent boire sans efforts.

Mon couple a souffert de ce surcroît de fatigue, c’est vrai, mais quelle joie d’arriver à dépasser toutes ces épreuves, à allaiter sereinement mon enfant, à percevoir le soutien sans faille et sans doute de mon conjoint. Aussi quand à l’aube des 2 mois et demi de ma fille – la fin du congé maternité français, j’ai eu le droit à « Il est temps de penser au sevrage », « Quand est-ce que tu arrêtes de l’allaiter ? » j’ai naturellement rétorqué : « Arrêter l’allaitement ? C’était enfin rôdé, enfin simple. Je n’ai pas fait tout ça pour arrêter maintenant ». et j’ai pu poursuivre mon aventure lactée aussi longtemps que je l’ai souhaité, avec le soutien indéfectible de mon compagnon.

Les besoins nutritionnels de la maman allaitante

Ce billet a été écrit par Margaux Cannoni et Marie de Chaudron Quitry , amies de longue date. Lorsque Marie rentre des États-Unis où elle a vécu quelques années, elle partage avec Margaux devenue maman ses réflexions sur une alimentation saine dans le contexte de la maternité. A deux, elles s’attèlent en cuisine et créent des snacks délicieux avec des super aliments. Leurs créations savoureuses sont de véritables recharges pour les mères fatiguées : à la fois goûteuses et nutritives, elles sont un complément parfait pour qui manque de temps pour se régaler ou a besoin d’un coup de pouce santé.

Soigner son alimentation au quotidien est une évidence qui prend encore plus son sens pendant la grossesse et l’allaitement. Non seulement vous cherchez à rester en bonne santé mais vous tentez d’aider votre corps à offrir à votre bébé tout ce dont il a besoin : oméga 3, vitamines et minéraux. Prévenir certaines carences est également un moyen d’éviter un surcroît de fatigue, d’anxiété voire un baby blues …

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« Confinement et allaitement »

#restezàlamaison .

Chacun suit à la lettre les recommandations du gouvernement, plusieurs semaines de distanciation sociale, plusieurs semaines au ralenti afin d’être vigilant pour tous. Et l’allaitement dans tout cela, comment les femmes vivent-elles leur allaitement ? Que se passent-ils pour elles ? Nous échangeons aujourd’hui avec des mamans pour qui l’allaitement avait déjà démarré avant le début du confinement.

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Le lait maternel : source de mélatonine

Tout le monde connaît la mélatonine : une substance particulièrement utile pour aider à l’endormissement. Plusieurs aliments en sont naturellement riches (raisin, banane, noix, poisson, céréales…). Certaines personnes en consomment même par voie médicamenteuse pour réguler leur propre taux et améliorer leur sommeil. Mais on oublie souvent que le lait est une source importante de mélatonine [4]. Le lait maternel ne fait pas exception : il contient une quantité substantielle de mélatonine. Quel est l’état actuel des connaissances sur la question ? Selon quels paramètres sa quantité varie-t-elle ? Et quels sont les effets connus sur l’enfant allaité ? Nous avons exploré quelques ressources scientifiques pour vous apporter des réponses.

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Le portage et moi : une belle histoire d’amour

J’ai effectué dernièrement  une journée de formation continue sur le portage. Elle m’a donné envie de vous faire un clin d’œil et de partager avec vous mon expérience personnelle du portage en écharpe. Pour cela, il faut remonter à une dizaine d’années.

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L’alimentation, un chemin de croix pour Victoria

Myriam Dutilleul, mère d’Élisa, Marion et de Victoria,  a consacré 3 années à soutenir bénévolement des mères qui allaitent par le biais de l’association La Leche League.   Elle évoque pour nous l’arrivée de sa fille Victoria, très grande prématurée et son combat pour la nourrir avec son lait.

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Une position pour le repos

Vous voulez vous reposer ? C’est bien naturel. Tout le monde a besoin de se reposer. Alors, après une grossesse, un accouchement et en s’occupant d’un ou plusieurs bébés 24h/24 et 7 j/7, ça tombe encore plus sous le sens.

Mais votre bébé tète, bien sûr, fréquemment. Il requiert votre attention durant ce temps au cours duquel vous vous devez d’être alerte et par la force des choses, vous ne vous reposez pas.

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La position instinctive

Bravo d’avoir patienté et pris le temps de vous plier aux quelques exercices proposés dans les précédents billets !

Vous avez sûrement remarqué que certaines positions vous permettent de ne pas avoir besoin de vos bras pour maintenir la serviette qui fait office de bébé « plaquée » contre vous, alors que d’autres vous obligent au contraire à les utiliser activement.

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Point de vue d’un papa sur l’allaitement

Avant sa naissance, nous savions déjà que notre fille serait allaitée parce qu’il nous semblait que c’était la meilleure nourriture qu’elle pouvait recevoir. Je ne m’attendais évidemment pas à la montagne de petits et grands défis auxquels nous allions être exposés. C’est fou comme la société enjolive le fait de devenir parent. Je comprends que certains couples explosent en plein vol. Si vous voulez mon avis, on pourrait comparer l’arrivée d’un enfant à un tremblement de terre. Mais on arrive à reconstruire les fondations petit à petit.

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Histoire de «bouts de sein» et allaitement long… si si: c’est possible !

C’est l’histoire de Cathy* et de Manon*… Après une grossesse et un accouchement difficiles, Cathy est heureuse d’accueillir sa fille Manon. Les premières 24 heures, le nouveau-né dort puis, lors de la deuxième nuit, ne fait que pleurer, ne tète pas. La fameuse « nuit de la java », pense Cathy qui est épuisée et a les seins très durs. A 3 heures du matin, le personnel de la maternité prend alors en charge le bébé. Cathy s’endort d’épuisement. Le lendemain, Manon dort à nouveau à poings fermés. La maman met son bébé en peau à peau et Manon essaie alors de téter mais n’arrive pas à saisir le mamelon. Les soignantes conseillent alors à Cathy d’utiliser un « bout de sein » en silicone. Au 4ème jour, Manon a une courbe de poids descendante mais le pédiatre autorise tout de même la sortie de l’hôpital demandant de revenir 2 jours plus tard pour que le bébé soit pesé.

A domicile, Cathy a loué un tire-lait, mais c’est un modèle qui a plus de 30 ans et elle n’extrait que quelques gouttes de lait. Manon tète avec le « bout de sein » mais, au bout de 2 jours, elle n’a presque pas pris de poids. Cathy décide alors de consulter une spécialiste de l’allaitement. Celle-ci lui explique qu’il faut faire une relactation. Elle lui prescrit un tire-lait adapté et lui donne les conseils nécessaires. Au début, Cathy tire très peu de lait (5ml à chaque sein). Puis, de plus en plus. Elle complète Manon avec ce lait tiré à l’aide d’un DAL c’est un dispositif d’aide à la lactation. Le nourrisson reprend du poids doucement. La consultante en lactation tente à plusieurs reprises, avec la maman, de faire téter Manon sans « bout de sein ». Mais c’est impossible. Le bébé semble s’être habitué à téter de cette manière.

Cathy est extrêmement fatiguée. La relactation n’est pas facile et cela lui prend beaucoup de temps. Pourtant elle tient bon pour son bébé, elle veut réussir son allaitement coûte que coûte. Elle a un projet d’allaitement long, 6 mois en exclusif et au moins jusqu’à 2 ans. Elle s’est renseignée durant sa grossesse et suit les conseils donnés par l’OMS. Elle télécharge également les courbes de poids des bébés allaités sur le site de l’OMS. Son épisiotomie la fait souffrir, elle mange debout, en allaitant, dort très peu car elle suit les rythmes de son bébé qui tète souvent et fait des micros siestes (jour et nuit).

« Comment vais-je tenir ? », se demande-t-elle. Heureusement, son mari a trouvé sa place et s’occupe de toutes les tâches ménagères ainsi que des courses et des repas, malgré son travail posté. Il fait du peau à peau pour que sa femme puisse un peu se reposer et tirer son lait. Cathy a un cercle d’amies et une mère qui la réconfortent. Une puéricultrice de la PMI vient régulièrement soutenir la petite famille qui rencontre également la consultante en lactation tous les 2 jours au début. Les consultations peuvent s’espacer quand Manon reprend du poids.

Tout se met petit à petit en place. A 6 mois, Manon commence à avoir une alimentation diversifiée. C’est une petite très éveillée qui aime être en portage, tout contre sa maman. Cathy a lâché prise et n’essaie plus d’enlever le « bout de sein » étant donné que Manon prend bien du poids.

Le temps passe… l’objectif de la mère est atteint : la fillette a 2 ans et est toujours allaitée.

 

Le temps passe encore, Manon à 3 ans. Elle tète matin et soir, dans sa chambre, au calme.

Puis elle a 4 ans, elle continue à téter toujours avec les « bouts de sein » à l’abri des personnes qui interrogent sa maman : « tu l’allaites encore ? ». Manon a bien compris qu’il ne fallait pas demander à téter quand il y a des gens, que c’est mieux dans son lit quand elle se réveille ou le soir pour s’endormir.

 

C’est quand elle a 5 ans que sa mère (suite à la prise nécessaire d’un médicament contre-indiqué avec l’allaitement et ayant fait la part des choses) doit la sevrer. Cathy l’endort alors durant quelques temps dans ses bras pour que cela se fasse en douceur et pour garder ce contact.

Cathy est fière de son allaitement, fière d’avoir tenu bon. Elle est certaine d’avoir donné le meilleur à son enfant, « sûre que cela valait le coup », dit-elle.

Manon a neuf ans aujourd’hui et Cathy se souvient :

« Ma fille n’a pas eu de gastroentérite, pas d’otite, ni de bronchiolite. Il y a un lien fort entre nous, une grande complicité. Parfois, elle voudrait encore téter car elle en garde un souvenir apaisant ».

Manon a toujours été sous surveillance médicale pour éviter une prise de poids faible, conséquence de l’utilisation ” des bouts de seins”.

*pour préserver l’anonymat, les prénoms ont été modifiés

[Auteure] : Carole

[Biographie] : Carole est puéricultrice. Elle est titulaire d’un DIULHAM (Diplôme Inter Universitaire en Lactation Humaine et Allaitement Maternel).

 

Débuts imprévus

Toute l’équipe de Grandir Nature se joint à moi pour vous souhaiter une très bonne année 2017 avec  plein de tétées et  du lait maternel qui coule à flot !!! 🙂

Pour commencer cette nouvelle année, j’ai choisi de publier le témoignage de Myriam, maman d’une grande prématurée qui va nous parler de son histoire en plusieurs parties. Voici un témoignage plein de courage.

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Que faire en cas d’abcès ?

L’abcès du sein est une pathologie sérieuse et très douloureuse qui nécessite bien entendu des soins immédiats.

Mais avant tout : il est nécessaire de disposer d’un diagnostic sûr. Cela peut paraître une lapalissade et pourtant, en pratique courante, vous êtes encore trop nombreuses à qui l’on dit « vous avez un abcès, je vous mets sous antibiotique et il faut arrêter l’allaitement ».
Effet d’annonce dévastateur et anxiogène en plus de véhiculer des informations inappropriées.

Certaines situations appréciées comme un abcès du sein sont en fait des mastites et il n’est donc pas rare de rencontrer le raisonnement suivant : douleur + rougeur + induration + fièvre = abcès, alors que ce sont le plus souvent des signes associés de la mastite. Il peut alors être utile de retenir que le seul examen de votre sein (notamment sa palpation) associé à ces signes n’est pas suffisant pour établir le diagnostic d’abcès.

Comment faire la part des choses ?

L’abcès du sein est une accumulation localisée de pus qui se forme dans une zone du sein et ne peut se drainer par une ouverture naturelle. C’est un phénomène rare (3% des mères ayant eu une mastite * / 0,1% des mères ayant donné naissance en Suède entre 1987 et 2000 **), et lorsqu’il survient, c’est généralement en tant que complication d’une mastite non traitée (le plus souvent parce que non reconnue comme telle), ou ayant reçu un traitement trop tardif ou inadéquat (comme l’arrêt de l’allaitement du côté atteint par exemple), ou enfin d’une mastite répondant mal au traitement antibiotique donné.

La manifestation d’un abcès du sein peut être très spectaculaire, notamment lorsqu’il a la possibilité de s’ouvrir spontanément vers la peau mais, fait piégeant, ses signes sont plus souvent plus discrets que ceux d’une mastite : lors d’un abcès du sein, votre état général peut être bon, la fièvre n’est pas obligatoirement présente, vous ressentez une masse bien délimitée dans le sein déclenchant une douleur variable pouvant être très intense mais aussi faible ce qui est piégeant et peut mener à négliger la situation au début. Lorsque vous la touchez, vous pouvez voir une zone rouge parfois organisée autour d’une zone centrale plus pâle. Avoir débuté une mastite de 24 heures à quelques jours auparavant et voir la situation s’aggraver sera une alerte importante pour considérer l’abcès.

Le traitement médical de l’abcès est une urgence. Dans un premier temps une échographie viendra confirmer le diagnostic, vous recevrez un traitement antibiotique pour 10 à 14 jours (orientée contre les germes appelés staphylocoques) et le drainage de l’abcès sera nécessaire.

Actuellement deux possibilités existent selon la configuration de votre abcès et l’aisance qu’auront les médecins consultés vis-à-vis de ces techniques :

  • la ponction à l’aiguille qui consiste à aspirer du pus à l’aiguille pouvant être répétée 2 à 3 fois si nécessaire, elle peut être le meilleur choix lorsque votre abcès le permet puisqu’elle est peu invasive, pratiquée sous échographie elle n’engendrera pas de cicatrice visible.
  • le drainage chirurgical, qui devrait être pratiqué en dernier recours, va impliquer une incision sous anesthésie locale et la mise en place d’un drain à faire suivre en soins infirmiers ensuite ; cette intervention est beaucoup plus impressionnante et entraînera des tissus cicatriciels dans le sein (plus ou moins importants selon les situations – pouvant ou non compromettre un allaitement ultérieur en fonction du site d’incision, de l’atteinte ou non de fibres nerveuses et de leur reconstruction ) et une cicatrice visible sur la peau.

La possibilité de poursuite de l’allaitement du côté du sein non affecté est une évidence mais vous vous sentez peut-être découragée et épuisée par toutes ces lourdes complications. Cet arrêt est contre-indiqué car il pourrait provoquer – s’il est trop brutal – une mastite également de ce côté. C’est l’occasion de vérifier la conduite de l’allaitement (rythme, fréquence, efficacité des tétées, prise du sein…) qui a peut être amené la mastite puis l’abcès faute de traitement adapté, et trouver un fonctionnement plus confortable.

Votre préoccupation doit être de savoir que faire du côté de l’abcès. Plusieurs points légitimes vous poussent à tout cesser :

  • la douleur intense et la fatigue
  • la peur d’infecter votre bébé
  • la recommandation médicale de cesser l’allaitement du côté

L’OMS recommande pourtant la poursuite de l’allaitement même du côté atteint sauf :

  • si l’incision est proche de l’aréole et que le bébé risque du fait d’être en contact lors de sa tétée avec le pus qui s’écoule de l’incision,
  • si votre bébé a un statut immunitaire particulier (prématurité, pathologie du système immunitaire)
  • s’il s’agit d’une infection avec un germe résistant aux antibiotiques couramment prescrits et que le lait a un aspect caractéristique de couleur orangée prononcé

Dans les situations les plus fréquentes, le passage des germes vers le lait est faible et votre bébé était en contact avec ces germes bien avant que vous ayez ressenti les premiers signes, pourtant il ne montre aucun problème. Toutefois si l’on craint que votre bébé développe une infection, l’OMS recommande qu’il reçoive lui aussi une antibiothérapie. Poursuivre l’allaitement de ce côté peut vous sembler de l’inconscience surtout si on vous l’a affirmé et la recommandation de l’OMS peut vous choquer et ne pas être connue des personnes qui vous entourent et prennent en charge. Si la décision est prise de ne pas donner le sein du côté atteint il est fondamental en tout cas de tirer le lait afin d’éviter toute stase lactée qui ne ferait qu’aggraver la situation.

L’abcès est une situation ô combien traumatisante pour vous et appelle un accompagnement et un soutien spécialisés quasi quotidiens afin de préserver votre projet d’allaitement le plus fidèlement possible ainsi que tous ceux que vous pourriez avoir plus tard dans votre vie: ne restez pas seule avec un abcès et votre bébé!

 

* d’après Amir, Foster, Mc Lachlan, Lumley 2004. Incidence of breast abscess in lactating women : report from an australian cohort. BJOG, 111(12), 1378-1381

** Kvist, L.J., Rydhstroem, H. 2005 . Factors related to breast abscess after delivery : a population based-study. BJOG, 112(8), 1070-1074

[Auteure] : Dr Muriel Mermilliod, consultante en lactation IBCLC
[Biographie] : Formatrice en allaitement maternel, consultante en lactation IBCLC et chirurgien-dentiste, le Dr Muriel Mermilliod est l’une des meilleures spécialistes françaises des aspects pratiques et théoriques de la lactation humaine, des compétences et des besoins des nouveau-nés et de leurs mères.

SOS : maman en grande difficulté recherche conseils avisés

Combien de mamans se sentent mortifiées de ne pas réussir à suivre les conseils des personnes ressource en allaitement ? Si la personne aidante vient aux nouvelles quelques jours après leur entrevue, beaucoup de mamans lui avouent honteusement ne pas « avoir pu » suivre leurs conseils.

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Allaitement, sommeil de la mère et sommeil de l’enfant (suite )

A l’occasion du précédent billet, nous nous sommes intéressés aux spécificités du sommeil de l’enfant et au lien entre allaitement et sommeil de l’enfant. Nous allons maintenant  voir le sommeil de la mère allaitante de plus près.

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Allaitement, sommeil de la mère et sommeil de l’enfant

La fatigue, voire l’épuisement maternel est un motif fréquent de consultation de jeunes mères. C’est également l’une des premières causes d’arrêt de l’allaitement maternel. Les mères, souvent influencées par leur entourage, peuvent être amenées à penser que l’allaitement est la cause de cette fatigue.
Qu’en est-il vraiment ? Que faut-il savoir au sujet du sommeil de la mère et de l’enfant durant l’allaitement ? Quelles solutions pour « survivre » à cette période éprouvante de la vie de jeune mère ? C’est ce que nous allons découvrir.

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