A quand une légion d’honneur de l’allaitement? (1/2)

Il faudrait pouvoir créer et remettre cette distinction à certaines mères qui, malgré de si grands soucis qu’ils en deviennent un véritable combat quotidien, persévèrent dans leur allaitement.

Car pour certaines, quelle que soit l’issue de ce combat pour soi-même et son bébé, rares sont les récompenses et les félicitations en plus de celles qu'elles voudront bien s'adresser à elles-mêmes.

En écrivant cela, je pense tout particulièrement à Marie (°), que j'accompagne depuis quatre mois maintenant et qui mérite vraiment la palme 2013 de la persévérance.

 

Son petit Arthur (°) est né mi-septembre de façon prématurée, à 37 SA (°°).

 

Un début difficile…

Comme cela est courant chez le bébé prématuré, Arthur ne parvient pas bien à faire correctement le vide au sein. Dans ce cas de figure, les bouts de sein sont une excellente indication, mais par manque de chance, il s'avère que Marie est allergique au silicone. Chacune de notre côté, nous cherchons des bouts de sein en caoutchouc. Recherche sans succès, il faudra donc s'en passer.

Arthur a bien du mal à se nourrir et dix jours plus tard, il n'a pas presque pas pris de poids. Marie est très découragée mais décide de poursuivre l'allaitement et d’exprimer son lait. Pour éviter le risque de préférence sein-tétine, nous choisissons d'utiliser un DAL pour donner le lait tiré par Marie.

Très vite, Arthur comprend qu'il suffit d'aspirer le tuyau du DAL pour avoir du lait. En fait, le pauvre a bien du mal à ouvrir correctement la bouche. Et pour cause…

 

Qui se complique encore

Un important frein de langue (°°°), qui n'avait pas été détecté à la maternité, est diagnostiqué par un pédiatre. Marie se met en quête d'un médecin pour opérer. Il lui faudra douze jours pour en trouver un. Douze jours de galères qui semblent interminables, avec toujours plus de mal à tirer son lait. Douze jours de stress pendant lesquels on lui fera faire deux heures de route pour lui dire que « finalement, non, on opère pas les freins de langue » alors qu'elle avait bien précisé sa demande avant de venir. Douze longs jours pendant lesquels on lui annoncera que « non, il n'y a pas de frein de langue, c'est certain », pendant lesquels elle n'obtiendra aucune compréhension ni aucun soutien du milieu médical auquel elle s'adresse. Et si on n’est pas capable d’aider, autant cacher son incompétence derrière des reproches à peine masqués : « Quel entêtement! Passez donc au bon lait en poudre ». Disons qu’elle n’a pas eu de chance; des professionnels formés, il y en a… mais si peu.

 

Chaque jour compte au début de l'allaitement

Ce sont douze jours de perdus pour Arthur, qui comprend de moins on moins comment on fait pour le faire marcher, ce sein.

Heureusement, il a un papa super soutenant. Et une maman qui arrive tout de même, bon an mal an, à maintenir sa lactation et à ne pas donner plus d'une fois par jour du lait artificiel. La prise de poids n'est pas optimale mais pas catastrophique non plus.

L'intervention pour couper le frein de langue a lieu le matin. Elle se passe bien. Marie propose le sein plusieurs fois ensuite, Arthur refuse. Je suggère une tétée en position naturelle.

En fin de journée, enfin une première victoire de taille, Arthur prend une bonne tétée.

 

La suite la semaine prochaine…

 

 

(°) les prénoms ont été modifiés pour des questions de respect de la vie privée. La maman ayant vécu cette situation est d'accord pour qu'elle soit relatée ici

 

(°°) SA : semaine d'aménorrhée

 

(°°°) le frein de langue est une petite membrane naturellement présente sous la langue, mais si elle est trop importante, la langue ne peut pas se mouvoir correctement. Cela a bien sûr de nombreuses conséquences pour l'allaitement, mais également dans bien d'autres domaines (alimentation, élocution, posture…)

4 réflexions sur « A quand une légion d’honneur de l’allaitement? (1/2) »

  1. Bravo à cette maman pour son courage et sa détermination! J'ai hâte de lire la suite…

    Une question, vous dites que le bébé est né prématuré à 37 SG soit 39 SA. A ce terme là, on ne parle plus de prématurité non? La prématurité est considéré avant 37 SA soit 35 SG (8 mois de grossesse) il me semble…

    Mes enfants sont tous nés à 39 SA mais ils n'étaient pas considérés comme prémas. Même si en effet, une grossesse c'est 39 SG soit 41 SA.

  2. Cest allucinant combien de medecin incompetent traine dans la nature. Ma famille en a personellement fait les frais plusieurs fois. je pense que les ecoles sont trop axées sur la reussite et non sur une vraie vocation. Et il faudrait interdir tout contact entre les industrie poudre de lait et corp medicale car si les medecin continue la promotion de la poudre de lait cest qu'il ont un interet a le faire. en tout cas chapeau a Marie et je lui souhaite un long heureux allaitement!

    1. Oui. Tous les médecins ne pratiquent pas par vocation, c’est clair. Mais heureusement il y en a encore beaucoup qui l’ont, cette vocation d’aider. Pour moi, la seule façon de faire avancer les choses, c’est de se placer en tant que personne qui vient prendre des infos auprès d’un consultant, quitte à en voir plusieurs pour se faire sa propre idée. Ainsi, nous sommes notre propre médecin, et nous allons voir les meilleurs conseillers. Nous sommes responsables de notre santé et de celle de notre allaitement, et pour cela il faut avant tout s’informer. Pas toujours facile… c’est le but de ce blog!!

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