Un besoin en vraies infos pour l’allaitement !

Aujourd’hui, une maman très embêtée m'appelle en urgence. Elle allaite exclusivement son bébé de sept semaines, qui s'en porte visiblement très bien puisque, en plus d'être en pleine forme et de bien dormir, il grossit de 200 grammes par semaine et semble parfaitement satisfait après les tétées.

 

Oui, mais alors où est le problème ?

 

En fait, tout est parti d'un simple commentaire de son pédiatre : « Ce n’est pas parce que votre bébé grossit bien que votre lait est nourrissant. »

Voila une merveilleuse méthode pour mettre un allaitement par terre en moins de trente secondes!

 

Les paroles des professionnels de santé ont une grande influence

Si je ne l’avais pas rassurée, cette maman aurait introduit un complément pour être sûre que son bébé prenait quelque chose de « nourrissant ». Et vous devinez quelle aurait pu être la suite : cercle vicieux des compléments, de moins en moins de lait, fin de l’allaitement, merci, au revoir, suite au prochain bébé.

Le pire dans l'histoire c'est que le conseil est auto-prédictif. La baisse de lait arrivant très rapidement, la maman serait tombée dans le piège classique de la culpabilisation : « Il avait raison, je n’ai plus de lait ! Heureusement que j’ai introduit à temps du lait en poudre ». Peut on en rire ? Doit-on en pleurer ?

Je n’ai rien contre les pédiatres, comme dans chaque discipline il y a les bons et les moins bons. J’en connais qui sont à la fois très engagés et compétents en matière d’allaitement. Mais certains n’ont malheureusement qu’une envie, faute de formation : que le bébé qu’ils suivent soit sevré pour qu’il puisse enfin rentrer dans les cases qu’ils connaissent.

 

Conseil en allaitement : une façon de choisir son pédiatre ?

C’est la Société Française de Pédiatrie qui a rédigé le volet « Bébé » du Programme National Nutrition Santé . Ce texte rappelle les conseils de bon sens en vigueur partout dans le monde et notamment que, sauf contre-indication particulière, l’allaitement maternel doit être exclusif pendant les six premiers mois de l’enfant.

Malheureusement pour eux, les pédiatres qui disent autre chose vont à l’encontre des recommandations de leur organisation professionnelle nationale, de la Haute Autorité de Santé qui a nommée la SFP pour rédiger ce travail, et donc de l’organe de santé publique émanant de l'Etat. Aïe, rien que ça ? Il en faudrait plus pour faire réfléchir certains. Quant aux pédiatres formés à l'allaitement, dites-leur simplement « Bravo et merci », car c'est le plus souvent une démarche volontaire qu'ils ont entreprise pour ne plus penser comme en 1980.

Au fait, à quand une formation obligatoire et de qualité sur l’allaitement maternel pour tous les pédiatres?

 

 

 

 

10 réflexions sur « Un besoin en vraies infos pour l’allaitement ! »

  1. Bonjour, Je viens de lire sur votre blog « Allaitement : un besoin en vraies infos » cette histoire me renvoie à la mienne que j’aimerais vous raconter. J’ai commencé depuis plus d’un mois à diversifier la nourriture de ma fille de 7 mois nourrie jusque là au sein exclusivement. J’ai commencé par lui faire gouter diverses purées et je continuais les tétés à la demande tout s’est bien passé  pendant presque un mois. Puis j’ai eu rendez vous avec le pédiatre, il avait toujours supporté mon allaitement mais ce jour là onn' était plus sur la même longueur d’onde ! Il m’a demandé la fréquence des biberons, je lui ai répondu qu’elle était toujours au sein… à ce moment j’ai sentis un malaise. Il m’a dit qu’elle devait prendre un biberon le matin (j’ai pensé tétée !) manger au moins 130g de purée à midi, un « biberon » à 4h et un pour la nuit (je lui donnais le reste de purée vers 6h, elle mangeait mieux mais il me l’a déconseillé). Il m’a dit qu’à son âge elle ne devrait pas manger plus de 4 fois, il m’a aussi dit qu’elle devait commencer à manger en plus des 130 g de légumes 10 g de viande et 60 de fruit et tout ça en une fois ! Je suis rentrée chez moi un peu déprimée, sur ses conseils j’ai essayé de forcer un peu plus le midi pour qu’elle mange tout et de limiter les tétés au nombre de biberons qu’il m’a conseillé. S’en est suivi quelques jours difficiles pour tous, ma fille pleurait tous les midis et moi je pensais que je ne pourrais jamais y arriver ! Je me suis ensuite demandé où était passé le « à la demande » et le rythme de ma fille ? J’ai alors moins forcé le midi, et j’ai recommencé à donner le sein à la demande et petit à petit tout est rentré dans l’ordre, aujourd’hui elle mange toute sa purée, ses fruits et commence même à téter comme le demandait le pédiatre (3 fois par jour) et sans pleure ! Ces quelques jours ont été très durs, je ne reconnaissais plus mon bébé et on n’arrivait plus à se comprendre. Après tous les encouragements de mon pédiatre pour allaiter au cours des premiers mois j’ai senti qu’il ne savait plus comment faire au moment de la diversification et il a conseillé une façon de faire trop rigide pour ma situation! J’ai décidé de continuer à nous écouter mon bébé et moi même, je n’ai pas voulu demander conseils à mon pédiatre car il ne parlait que biberons et je ne me sentais pas à l’aise avec ça.  J’ai culpabilisé de lui donner trop le sein après mon rendez vous et c’est finalement à cause de ça que tout a été si difficile, aujourd’hui je lui redonne le sein sans complexe ni culpabilité autant qu’elle veut et c’est bien mieux pour toutes les deux ! Je déplore moi aussi le manque de connaissance des pédiatres au sujet de l’allaitement, à mon sens cela fait parti des soins du bébé et malgré les encouragements il faudrait aussi pouvoir gérer l’accompagnement ! Voilà pour mon histoire, j’ai eu la chance d’être très bien orientée au cours de mon allaitement et j’essaye de partager au maximum avec mon entourage mes expériences en espérant aider les mères et les bébés qui m’entourent. Je lis régulièrement votre blog, merci pour toutes ces « belles histoires » qui offrent aussi un grand soutien quand on se sent un peu seule face aux problèmes ! Merci pour votre écoute, votre soutien et votre expérience. Virginie

    1. Merci Virginie et bravo pour votre gestion de ce passage difficile. J'ai adoré le : "il avait toujours supporté mon allaitement". C'est en effet un sentiment qu'on a toutes plus ou moins ressenti chez un médecin. Certaines femmes mentent même à leur médecin en disant qu'elles ont sevré alors qu'elles continuent un allaitement exclusif! C'est fou… On culpabilise de faire un acte naturel!!

  2. Le gros problème de cette désinformation des pédiatres, c'est le manque total de formation pendant leur cursus! Seuls les médecins intéressés se formeront. Pourtant, l'allaitement maternel est la base de l'alimentation (et donc de la santé) du bébé!!! Cela devrait être obligatoire!

    Pour ma part, notre pédiatre (par ailleurs "bon pédiatre" médicalement parlant), ne fait que répéter des informations fausses calquées sur les habitudes d'alimentation au lait en poudre : tant de tétées à tant de mois (comme au biberon!), tant de temps passé au sein… etc. J'ai loupé mon 1er allaitement, car j'avais essayé (naïvement) de diminuer le nombre de tétées… Je n'ai pas fait l'erreur pour mes 2 autres enfants, mais grace à qui? Sûrement pas grace au pédiatre! Mais grace à d'autres mamans, à des forums internet et grace à LLL.

    En cas de difficultés, facile est la tentation de tout arrêter… Les pédiatres devraient être là pour les mamans, pour les encourager et les aider. Pas pour leur dire "vous n'avez pas assez de lait"… Culpabilisant!

    Merci à vous pour votre blog!

    1. Merci Lutinette pour votre commentaire. Oui, ce que vous avez vécu est hélas monnaie courante. Ce sont parfois les mères allaitantes qui apprennent des choses à leur pédiatre! Mais finalement, n’est ce pas comme cela que devrait se passer toute relation humaine? A condition que chacun ait l’ouverture suffisante pour écouter l’autre….

  3. Bon, moi je viens témoigner d’une énorme boulette qu’a dite une interne en PMI. Concernant les vitamines, j’avais émis l’hypothèse de supplémenter la mère, plutôt que l’enfant qui lui n’a pas forcément le système digestif pour digérer convenablement les toxiques des médicaments : ce que vous mangez de passe pas par le lait maternel, donc vous devez lui donner les complément en vitamine qu’on vous a prescrit.

    Le soucis c’est que, outre le fait que c’est la plus grosse bêtise entendue depuis que j’allaite, je ne lui donne effectivement pas de vitamine D depuis sa naissance (il ne s’en porte pas plus mal puisqu’il pèse 7 kilos a quatre mois et est plutôt grand, or dans mes études de diététique j’ai appris qu’une croissance adéquate était signe d’une alimentation adéquate). Et je ne lui donne pas pour une raison : la vitamine K où il y avait comme excipient de l’acide chlorhydrique, il avait eut des saignements donc, par précaution j’avais idée de ne pas lui donner et voir s’il grandissait bien. Force est de constaté que oui et que, si jusqu’à l’ère industrielle ils n’ont jamais eut besoin de supplément en vitamine D, alors pourquoi maintenant en auraient-ils besoin. (c’était ma réflexion et puisqu’il se développe bien j’en reste là, mais je n’incite pas à faire de même si l’enfant supporte les médicaments)

    1. Bonjour Elodie,

      Vous parlez de Vitamine K ou D ou les 2?
      En France, quasiment tout le monde est en carence de Vitamine D, c’est pour ça que les enfants sont supplémentés. Il y a des alternatives effectivement à la supplémentation: donner à la mère de la vitamine D pour augmenter le taux lacté. Le lait maternel contient, en moyenne, sans supplémentation, 20 à 70 UI de vitamine D.
      Les apports recommandés sont de 800 à 1000 UI par jour.
      Selon certaines études, l’exposition hebdomadaire au soleil de deux heures serait suffisante pour un statut correct en Vitamine D pour un enfant de moins de six mois, mais en hiver suivant les régions, cette exposition ne suffirait pas.

      Pour information, je rappelle que la vitamine D est importante pour maintenir une concentration sanguine optimale de calcium et de phosphore et qu’elle contribue à la bonne santé osseuse. Des études ont montré qu’une carence en vitamine D pouvaient être associées à certains cancers ou maladies auto-immunes ( sclérose en plaque ,…)

      Après ce sont des recommandations et chacun est libre de choisir sa position avec toutes les informations qu’ il a en sa possession.

      1. Je parlais des deux, même si c’est surtout la vitamine K qui lui a posé soucis. Mais je chercherais une alternative pour la vitamine D puisque c’est vrai que nous sommes tous carencés, en France.
        Pour le moment je sors avec le petit, du coup lui fait de la vitamine D et moi également.

        1. Effectivement, c’est bien pour vous aussi de synthétiser de la vitamine D, cela vous permet d’être moins fatiguée.:)
          La vitamine K est essentielle pour la production de facteurs de coagulation. Sa prise permet de prévenir la maladie hémorragique du nouveau-né, effectivement très rare : 4 à 7 cas sur 100 000 naissances vivantes sans supplémentation mais nécessaire quand même.
          Tous les nouveaux -nés ( allaités ou pas ) ont une dose à la naissance et une dose pendant la première semaine de vie. Puis, pour les enfants allaités une dose à 1 mois de vie. Elle est fabriquée à partir de la flore intestinale.La flore de l’enfant allaité est constituée surtout de bifidobactéries qui ne permettent pas cette fabrication.

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